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lundi, 25 novembre 2024

Le nouveau cap de l'Amérique: la révolution des élites

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Le nouveau cap de l'Amérique: la révolution des élites

Ensemble, ils vont révolutionner les Etats-Unis et le monde: les génies Elon Musk et Donald Trump

Par Elena Fritz

Source: https://www.pi-news.net/2024/11/amerikas-neuer-kurs-revol...

Après une victoire électorale décisive des républicains, les Etats-Unis sont à l'aube d'un tournant géopolitique qui pourrait ébranler fondamentalement l'Europe et l'ordre international. Avec une jeune élite technophile et des soutiens de milliardaires de la Silicon Valley, une nouvelle génération conservatrice s'apprête à changer radicalement de politique étrangère. Ce cours promet une « révolution des élites » qui pourrait remplacer l'approche actuelle basée sur les alliances. La stratégie des républicains a le potentiel de poser des défis majeurs à l'Europe et de modifier les rapports de force mondiaux d'une manière sans précédent depuis la fin de la guerre froide.

Les républicains en tant que révolutionnaires élitaires

La nouvelle équipe dirigeante des Républicains, menée par des personnalités comme J. D. Vance et soutenue par des magnats influents de la technologie comme Peter Thiel et Elon Musk, bouleverse les équilibres politiques. Thiel, cofondateur de Palantir, dont la technologie soutient les forces armées de l'Ukraine, et Musk, avec son programme Starlink, qui permet des communications militaires, symbolisent un mouvement connu sous le nom de « dynamisme américain ». L'idée sous-jacente est claire : l'avance technologique des États-Unis doit être assurée par des développements high-tech avancés et la sécurité nationale doit ainsi être garantie à long terme.

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Dans ce contexte, Elon Musk est considéré comme un acteur central de la nouvelle stratégie républicaine, notamment en raison de son rachat de la plateforme Twitter (désormais X). En contrôlant l'une des plateformes de communication les plus influentes au monde, Musk a offert aux républicains une tribune directe pour leurs idées et aux partisans de Donald Trump un retour dans le discours politique. L'achat de X a permis aux républicains de diffuser leurs messages dans un environnement de plus en plus considéré comme exempt des restrictions et des directives des médias traditionnels, qui étaient perçus comme plus censurés par les démocrates. Ainsi, Musk n'a pas seulement influencé la politique républicaine par le biais de projets technologiques et militaires, mais a également modifié fondamentalement la communication politique et a préparé le terrain pour une victoire républicaine.

« Ce n'est pas une restauration conservatrice », commente un initié, “mais une révolution technologique”. Contrairement aux démocrates, qui poursuivent un rajeunissement prudent des structures de leur parti, le cours républicain mise sur des décisions rapides et risquées. L'objectif est de mener à la tête des Etats-Unis une génération d'élites radicalement ambitieuses, rompues aux techniques militaires et technologiques - et d'affirmer ce leadership sans contestation sur la scène internationale.

La domination technologique par l'isolationnisme

L'une des stratégies les plus remarquables des nouveaux républicains est le projet de passer pour un certain temps à une phase d'isolationnisme. Au lieu de s'engager dans des conflits internationaux, les Etats-Unis veulent se concentrer sur leur propre développement. Ce « plan d'isolement de cinq ans » doit servir à développer l'indépendance technologique et économique et à renforcer la production nationale. « Nous n'avons pas besoin de partenariats, nous avons besoin d'une autonomie dominante », tel est le mantra de la nouvelle élite.

Alors que les Etats-Unis réduisent les interdépendances économiques pour une période de transition et mettent l'accent sur le renforcement de la force de production nationale, cette stratégie vise en fin de compte à inaugurer une nouvelle ère de « l'avance technologique américaine ». Celui qui est à la pointe de la technologie n'a plus besoin, selon le calcul, d'alliances complexes. Mais ce cours signifie plus qu'un simple changement de l'équilibre du pouvoir: il comporte d'énormes risques pour la stabilité sociale au sein des Etats-Unis, car la concentration sur une élite militaro-technologique accentue encore la division sociale et le déséquilibre dans le pays. La population américaine pourrait continuer à se diviser en raison de cette orientation, car la richesse et le pouvoir restent concentrés entre les mains d'une petite élite et de larges couches de la population sont encore plus marginalisées sur le plan économique.

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Les lignes de front géopolitiques se déplacent

Le cours isolationniste des républicains n'est pas seulement un projet interne à l'Amérique. Il vise à redéfinir les priorités stratégiques des Etats-Unis tout en endiguant les concurrents géopolitiques comme la Chine et la Russie. Au lieu d'intervenir dans des conflits globaux, les républicains prévoient d'empêcher les hégémonies régionales par des provocations ciblées - que ce soit en Asie de l'Est par des escalades autour de Taïwan ou au Proche-Orient par le renforcement de la position israélienne contre l'Iran.

Pour l'Europe, cette évolution représente une charge considérable. Sans le soutien total des États-Unis, l'UE est contrainte de s'appuyer sur ses propres structures de défense. Or, l'Europe a largement profité de la structure de sécurité dirigée par les États-Unis au cours des dernières décennies et ne serait peut-être pas en mesure de réagir de manière autonome aux crises mondiales. Le risque est que l'UE soit contrainte de se soumettre au techno-nationalisme américain ou de se libérer péniblement de sa dépendance en matière de politique de sécurité.

La voie la plus évidente : l'indépendance ou le déclin

L'Europe se trouve à la croisée des chemins : va-t-elle continuer à se lier aux Etats-Unis et devenir ainsi un pion géopolitique, ou l'UE parviendra-t-elle à développer ses propres intérêts en matière de politique de sécurité et d'économie, déconnectés des plans américains ? L'époque où l'Europe pouvait s'installer confortablement à l'ombre de la « communauté de valeurs » américaine pourrait bientôt être révolue. Face à une stratégie américaine tournée vers l'intérieur et dominée par une élite technologico-militaire, l'Europe est contrainte de prendre conscience de sa dépendance et de se forger une plus grande autonomie.

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Le conflit interne aux Etats-Unis met en évidence les clivages idéologiques entre démocrates et républicains. Les démocrates misent sur une réforme prudente des élites et risquent ainsi, à long terme, de n'aborder qu'insuffisamment le changement social. Les républicains, en revanche, défendent un agenda radical qui mise sur une restructuration rapide et un renforcement du pouvoir technologique et militaire, mais sans tenir compte des conséquences sociales. Il pourrait s'agir d'un point de tension central des années à venir, qui influencera profondément tant la société américaine que les relations transatlantiques.

Conclusion : l'image de soi de l'Europe au banc d'essai

Les nouveaux républicains misent sur une stratégie qui allie domination technologique, force militaire et isolement temporaire. Alors que les Etats-Unis se tournent vers l'intérieur et que les tensions sociales risquent de s'accroître, le monde extérieur sera confronté à une autre Amérique, plus radicale, plus encline à prendre des risques et moins encline au compromis. L'Europe doit se demander si elle veut suivre cette voie ou se redéfinir. Les années à venir pourraient changer complètement la relation transatlantique actuelle et provoquer une crise de l'identité européenne.

(Cet article a d'abord été publié sur eagleeyeexplore.com)

dimanche, 24 novembre 2024

Le revenant

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Le revenant

par Georges Feltin-Tracol

Bien que Barack Obama ait félicité Donald Trump, l’ancien chef de l’État yankee de 2009 à 2017 doit encore le regretter. En 2011, à l’occasion du dîner annuel des correspondants de presse auprès de l’exécutif, il diffusa des images parodiques qui présentaient des aménagements extravagants de la Maison Blanche sous la présidence de Donald Trump. Ulcéré, l’entrepreneur new-yorkais maugréa, se leva et quitta la salle. Il n’apprécia pas la moquerie présidentielle. Obama se vengeait des insinuations de l’homme d’affaire concernant l’inauthenticité de son acte de naissance sur le sol des États-Unis. Ce soir-là, Donald Trump se jura d’entrer en politique au moment opportun.

Quand Donald Trump annonça sa candidature aux primaires républicaines le 16 juin 2015, la médiasphère s’esclaffa ! Les premiers sondages le créditaient de moins de 0,5%, puis autour de 5%. Personne ne se doutait alors qu’il deviendrait l’astre majeur de la vie politico-médiatique des États-Unis jusqu’en 2029. Battu en 2020, Donald Trump aurait pu se retirer. Mais son élection inattendue en 2016 lui attira la haine immédiate de l’Establishment, une haine aussitôt matérialisée par une kyrielle de persécutions judiciaires plus ou moins fallacieuses. Loin de le démotiver, ces attaques l’incitèrent à renouer avec un dessein présidentiel.

Enquêtes d’opinions et sondages prédisaient des résultats serrés le 5 novembre dernier. La médiastructure a oublié que trump signifie «atout», «emporter», «éclipser». Les journalistes n’ont pas vu venir la déflagration électorale. Élu en 2016, battu en 2020, Donald Trump décroche un second mandat non consécutif. Ainsi rejoint-il le démocrate Grover Cleveland (1837 – 1908), 22e président entre 1885 et 1889 et 24e président de 1893 à 1897. Il perdit l’élection en 1888 face au républicain Benjamin Harrison.

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Les conditions matérielles de cette victoire reviennent en premier lieu à une équipe investie, réactive et disciplinée. Surpris en 2016 par son élection, Donald Trump avait laissé les caciques du parti républicain s’occuper de l’administration à ses dépens. Ayant compris son énorme erreur, il a œuvré entre 2021 et 2023 à en prendre la direction. Sa réélection représente un fantastique camouflet pour l’ancienne élue belliciste et capricieuse, Liz Cheney (photo), et pour son père, Dick Cheney, le grand criminel de guerre, vice-président de George Bush fils de 2001 à 2009. Ces deux-là, faucons néo-conservateurs, globalistes et libre-échangistes, ont préféré le duo Harris – Walz.

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L’organisation pratique de l’équipe de Trump a reposé sur le savoir-faire de ses co-directeurs, Chris LaCivita et Susie Wiles (photo). Qualifié de misogyne, le supposé phallocrate réélu a désigné cette dernière chef de cabinet de la Maison Blanche. Susie Wiles sera la première femme de l’histoire à occuper cette fonction équivalente en France au secrétaire général de l’Élysée et à la supervision d’un gouvernement qui, en régime présidentiel, ignore toute solidarité ministérielle.

Faut-il pour autant parler d’une vague rouge trumpiste? Pour la première fois depuis 2004, un candidat républicain remporte le vote populaire. Selon les dernières informations, Donald Trump rassemble 75.864.226 voix (50,06%) et Kamala Harris 72.861.845 bulletins (48,08%). En 2016, Trump réalisait 62.984.828 voix (46,09%) et Hillary Clinton 65.853.514 bulletins (48,11%). En 2020, Trump obtenait 74.223.975 voix (46,85%) et Joe Biden 81.283.501 voix (51,31%). Les tierces candidatures font sur huit ans des résultats négligeables. On constate qu’entre 2020 et 2024, 1.640.251 suffrages supplémentaires en faveur de Trump alors que dans le même temps, la candidate démocrate perd environ huit millions et demi de voix! L’absence de liste électorale fédérale au sens que l’on entend en France rend malaisée toute explication rationnelle sur cette incroyable déperdition. En 2020, en raison du cirque covidien, le recours massif au vote par correspondance a perturbé la réalité électorale et favorisé les manipulations. Il serait bien que les spécialistes se penchent sur cette surprenante évaporation à moins que le tandem Biden – Harris soit l’auteur d’un génocide occulté…

Quand bien même les républicains retrouvent la Maison Blanche, influencent la Cour suprême, regagnent la majorité au Sénat et la conservent à la Chambre des représentants, il ne faut surtout pas croire que cette victoire constitue un triomphe libéral – conservateur total. Après l’élection au Sénat en 2018 de l’ancienne démocrate de l’Arizona Krysten Sinema ouvertement bisexuelle qui ne se représentait pas cette année, les électeurs démocrates du Delaware viennent d’envoyer à la Chambre des représentants la transgenre Sarah McBride. Dix référendums dans les États fédérés abordaient le sujet de l’avortement. Les électeurs de sept États (Missouri, Montana, Arizona, Nevada, etc.) ont approuvé l’inscription de l’IVG dans leur constitution respective. Seuls le Dakota du Sud, la Floride et le Nebraska ont rejeté cette légalisation. Par ailleurs, la question du salaire minimum a aussi fait l’objet de référendums en Californie, en Alaska et dans le Missouri. Il serait augmenté dans ces deux derniers États. Enfin, un démocrate remporte le poste de gouverneur dans un État-pivot, la Caroline du Nord gagné par Trump.

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Le succès de Donald Trump valide en tout cas le point de vue de deux réprouvés de la scène étatsunienne. Hostile au libre-échange, l’homme d’affaire indépendant texan, feu Ross Perot (photo), bénéficia en 1992 de 19.743.821 voix, puis de 8.085.294 voix en 1996. Contempteur des interventions militaires extérieures, le républicain paléo-conservateur Pat Buchanan fut candidat aux primaires en 1992 (2.899.488 suffrages) et en 1996 (3.184.943 voix), et, enfin, à la présidentielle de 2000 (449.895 voix).

En 2016, l’Alt Right bénéficia des retombées médiatiques de l’élection imprévue de Donald Trump. Contrairement à ce que clame le système médiatique d’occupation mentale qui y voit un nouveau succès des suprémacistes leucodermes, des sionistes chrétiens, des identitaires euro-américains et des évangéliques, le retour au Bureau ovale de Trump confirme surtout la montée en puissance de la pensée post-libérale dont la figure politique la plus connue est désormais le prochain vice-président James David Vance.

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Marié à une femme originaire d’Inde, Usha Chilukuri, J. D. Vance s’est converti au catholicisme sous l’influence de saint Augustin. La question du travail au regard de la doctrine sociale de l’Église romaine le préoccupe beaucoup. En privilégiant les thèmes économiques et sociaux liés à la mondialisation plutôt que les sujets sociétaux monopolisés par les démocrates, le duo Trump – Vance a su coaliser sur lui les catégories populaires délaissées et les classes moyennes déclassées. Maints électeurs démocrates ont sciemment choisi Trump et redeviennent, quatre décennies plus tard, des « chiens bleus », c’est-à-dire des démocrates naguère reaganiens. Cette configuration électorale rappelle celle des législatives de décembre 2019 en Grande-Bretagne quand les tories de Boris Johnson remportaient des circonscriptions historiquement travaillistes. 

Le retour tonitruant de Donald Trump risque de donner en France des idées à deux personnalités politiques. Heureux d’avoir retrouvé son siège de député de Corrèze par la grâce de la dissolution, François Hollande prépare sa candidature à la présidentielle de 2027. Il entend laver l’affront de ne s’être pas présenté dix ans auparavant. Toutefois, le créneau social-démocrate est déjà bien encombré avec les concurrences éventuelles de Raphaël « CIA » Glucksmann, de Bernard Cazeneuve, voire de François Ruffin. Dans l’impossibilité constitutionnelle de se représenter en 2027, Emmanuel Macron penserait-il dès à présent à 2032 ? Il n’aura que 54 ans, une relative jeunesse dans un monde de plus en plus sénile.

GF-T 

  • « Vigie d’un monde en ébullition », n° 134, mise en ligne le 20 novembre 2024 sur Radio Méridien Zéro.

lundi, 18 novembre 2024

Francis Fukuyama: la victoire de Trump marque un «rejet décisif» du libéralisme

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Francis Fukuyama: la victoire de Trump marque un «rejet décisif» du libéralisme

par Laurel Duggan

Source: https://telegra.ph/Francis-Fukuyama-la-vittoria-di-Trump-...

Selon Francis Fukuyama, spécialiste des relations internationales, la victoire de Donald Trump, cette semaine, montre que le libéralisme classique est en déclin.

Cette élection « représente un rejet décisif par les électeurs américains du libéralisme et de la manière particulière dont la notion de “société libre” a évolué depuis les années 1980 », écrit le politologue dans le Financial Times d'il y a quelques jours. « Donald Trump ne veut pas seulement faire reculer le néolibéralisme et le libéralisme woke, il représente également une menace sérieuse pour le libéralisme classique lui-même. »

Fukuyama est surtout connu pour son ouvrage de 1992 intitulé « La fin de l'histoire et le dernier homme », dans lequel il affirme que la victoire de la démocratie libérale sur le communisme a mis fin aux conflits sur les modèles de civilisation et que le libéralisme occidental sera la dernière forme de gouvernement dans le monde. Les attentats du 11 septembre et les guerres qui ont suivi au Moyen-Orient ont suscité de nouvelles critiques à l'égard des idées de Fukuyama, tout comme la montée du populisme en Occident au cours de la dernière décennie.

L'intellectuel bien connu est un critique de longue date de Trump et, en 2016, il a averti que les États-Unis traversaient « l'une des crises politiques les plus graves que j'ai connues dans ma vie », citant la volonté de Trump d'enfreindre les règles institutionnelles. La première victoire électorale de Trump en 2016 semblait être « une aberration par rapport à la norme » et cette impression semble avoir été confirmée par sa défaite en 2020, selon le nouvel essai de Fukuyama. Toutefois, le fait que le peuple américain ait de nouveau voté pour lui, « pleinement conscient de qui était Trump et de ce qu'il représentait », a montré que le cours de l'histoire était de nouveau en train de changer, affirme-t-il.

Dans un article pour le FT, Fukuyama a suggéré que l'ancien statu quo cédait la place à « une nouvelle ère dans la politique américaine et peut-être dans le monde en général ». Fukuyama attribue ce phénomène principalement à la réaction négative de la classe ouvrière face aux politiques néolibérales.

Depuis les années 1980, selon l'article de Fukuyama, l'économie de marché a conduit à la prospérité, en particulier pour les riches, tout en sapant la position de la classe ouvrière et en renforçant les puissances industrielles en dehors de l'Occident. Pendant ce temps, les politiciens de gauche ont remplacé leur traditionnelle préoccupation pour la classe ouvrière par un intérêt accentué sur « un éventail plus étroit de groupes marginalisés : minorités raciales, immigrés, minorités sexuelles et autres ».

L'abandon du libéralisme a déjà un impact sur les deux grands partis américains. Les bons résultats de Trump parmi la classe ouvrière, y compris les électeurs masculins non blancs qui avaient historiquement favorisé les démocrates, ont fait réfléchir le parti de centre-gauche qui, selon des critiques internes, doit se concentrer sur le populisme économique et s'éloigner du progressisme social. Même au cours des derniers mois de la campagne, Kamala Harris et Joe Biden ont pris leurs distances par rapport aux questions du transgendérisme et de la politique identitaire, alors même que les démocrates n'ont pas réussi à remporter un seul vote compétitif. Les deux partis ont également commencé à rejeter les politiques libérales en matière d'immigration, alors que les électeurs américains penchent de plus en plus pour la fermeture des frontières et les déportations de grande ampleur.

Trump lui-même a joué sur la méfiance croissante du public à l'égard des marchés libres et des institutions gouvernementales, en promettant de vastes tarifs douaniers et une révision du pouvoir exécutif. Une victoire massive des Républicains », affirme aujourd'hui Fukuyama, “sera interprétée comme un mandat politique fort qui valide ces idées et permet à Trump d'agir à sa guise”.

19:20 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : francis fukuyama, actualité, états-unis, donald trump | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

samedi, 16 novembre 2024

La question ukrainienne et l'administration Trump

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La question ukrainienne et l'administration Trump

par Alexandre Douguine

Alexandre Douguine soutient que la position intransigeante de la Russie sur l'intégration complète de l'Ukraine dans sa sphère est un impératif géopolitique, motivé par une nécessité existentielle plutôt que par des ambitions expansionnistes, et qu'elle doit être clairement communiquée aux dirigeants occidentaux comme Trump afin d'éviter des malentendus désastreux.

Lorsque nous disons que toute l'Ukraine devrait faire partie d'un espace russe unifié, nous ne formulons pas d'exigences trop extrêmes. Il ne s'agit pas de maximalisme. L'état actuel de l'Ukraine est incompatible avec l'existence même de la Russie. Et si cette question est gelée une fois de plus, même si nous incluons tous nos nouveaux territoires dans des frontières administratives, cela ne résoudra rien. Ils se réarmeront et attaqueront à nouveau. Personne ne peut garantir le contraire.

Mais même une telle proposition de trêve ne nous est pas offerte.

Par conséquent, les négociations avec Trump au sujet de l'Ukraine se dérouleront, de notre côté, de la manière suivante: l'Ukraine est à nous; tout le reste est négociable. Un accord ? Bien sûr, il ne nous sera pas donné. Mais nous n'en avons pas besoin. Nous la libérerons nous-mêmes, quoi qu'il arrive.

La seule question est de savoir si nous pouvons éviter une guerre nucléaire en suivant cette voie ou, malheureusement, non.

Il serait préférable de l'éviter, mais nous sommes prêts à tout. Pour nous, l'Ukraine ne constitue pas un désir de gagner plus, mais est une menace existentielle bien réelle de tout perdre. Et ce n'est pas une hypothèse, c'est un fait.

Il est très inquiétant que la gravité de notre situation ne soit pas comprise en Occident. Les mondialistes de Biden ont réussi à déplacer la fenêtre d'Overton si loin qu'ils envisagent une défaite stratégique réelle de la Russie et cette tendance est devenue centrale dans leur manière de penser le monde actuel. Ceux qui sont plus raisonnables et plus proches de la Russie disent: il ne vaut peut-être pas la peine d'essayer de vaincre la Russie, car le coût serait trop élevé. Mais ceux qui sont enragés contre nous, surfant sur une vague de russophobie, proclament: infligeons cette défaite stratégique; la Russie n'osera pas lancer une attaque nucléaire; c'est du bluff. Bluff ou pas, on ne le saura que lorsqu'il sera trop tard.

Tout cela, cette carte mentale, crée une menace sérieuse pour les relations de l'administration Trump avec la Russie - l'hypnose russophobe est trop forte et s'avère dangereusement efficace. Tel était le plan. Avec les meilleures intentions du monde, Trump pourrait dire: Moscou, prenez tout ce qui se trouve à l'intérieur de la ligne de contact. Et cela suffira. Scelle-t-on un accord sur cette base ?

Mais pour nous, c'est tout à fait inacceptable. C'est à terme une nouvelle guerre inévitable et un effondrement très probable de la Russie elle-même. Car accepter cela, cela équivaut à une défaite. Dans tous les sens du terme. Trump peut penser qu'il nous donne ce que nous voulons. Mais pour nous, il s'agira d'un défi direct, d'un chantage et d'un appel à la reddition.

Il s'agit d'une situation très dangereuse où les réalités géopolitiques se heurtent à des clichés mentaux artificiels. L'ensemble crée une dissonance cognitive extrêmement dangereuse.

Washington doit comprendre que la Russie a besoin de toute l'Ukraine, et c'est tout. Ensuite, il faut laisser parler la « camarade arme nucléaire ».

Il est regrettable d'entamer un dialogue avec la nouvelle administration américaine, généralement opposée au mondialisme et aux valeurs anti-traditionnelles, sur une note aussi dure. Mais il s'agit là d'un autre piège tendu par les mondialistes. Peut-être que Trump ne le comprend pas. Et nous, tout en manœuvrant diplomatiquement, nous hésitons à appeler les choses par leur nom. Il vaut mieux être direct avec Trump. L'Ukraine est à nous (toute l'Ukraine), et cela ne se discute pas. Nous nous y battons avec des armes conventionnelles jusqu'à la victoire. Les sacrifices que nous supportons nous concernent. Occupez-vous d'autre chose.

Les sanctions peuvent être maintenues, mais les relations ne doivent pas être renouvelées. C'est pour plus tard. Mais l'Ukraine sera à nous, entièrement et inconditionnellement.

Car sans cela, nous périrons. Et nous ne voulons pas périr. Si nous devons mourir, tous les autres mourront aussi.

Encore une fois, il n'y a pas d'extrémisme ici - juste les lois froides de la géopolitique, clairement décrites des deux côtés: par nous et par Brzezinski. Le détachement de l'Ukraine de la Russie a été et reste un impératif de toute l'école atlantiste de géopolitique depuis sa fondation - depuis Mackinder (et même avant). C'est tout simplement une loi générale qui garde toute sa validité et sa pertinence. Pour l'école eurasienne, l'axiome inverse est vrai: soit l'Ukraine sera russe, soit il n'y aura ni Ukraine, ni Russie, ni personne d'autre.

Une situation très délicate est en train de se mettre en place. Avec Biden et les fanatiques mondialistes, tout était clair. Ils ont présenté des demandes inacceptables, et nos demandes leur semblaient inacceptables. Avec Trump, c'est différent. Ce qui apparaît comme un « cadeau » pour lui sera, pour nous, une déclaration de guerre.

Il est donc essentiel d'expliquer tout cela à Trump de manière claire et sans ambiguïté, sans pathos ni émotion. Si nous laissons notre « sixième colonne » s'occuper de cette piste de négociation, elle abandonnera tout immédiatement. Mais notre peuple, je pense, le comprend. Cependant, la nouvelle administration Trump à Washington, qui, même en théorie, ne peut pas être exempte de néocons ou de personnalités nommées par l'État profond, peut facilement confondre une chose avec une autre.

Je pense que la solution la plus directe serait de déclarer les véritables plans de la Russie pour l'Ukraine dès maintenant, pendant la période de transition de Washington. La Russie ne s'arrêtera qu'après la capitulation inconditionnelle de Kiev et le contrôle total de l'ensemble du territoire. L'Ukraine est la Russie. Telle est notre position nucléaire.

mercredi, 13 novembre 2024

La victoire de Trump: une révolution conservatrice mondiale

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La victoire de Trump: une révolution conservatrice mondiale

Alexandre Douguine

Introduction pour les lecteurs d'Europe du Centre et de l'Ouest: Voici, avec un léger retard, le fameux texte d'Alexandre Douguine, écrit suite à la victoire de Trump. Ce texte nous apparaît trop optimiste: l'Etat profond ne sera pas aisément mis hors jeu et les stratégies habituelles des Etats-Unis se poursuivront inexorablement, même à feu plus doux. Cette réticence, repérable notamment chez des lecteurs italiens pourtant friands de textes "eurasistes" ne doit pas, bien sûr, nous empêcher de tirer grand profit de la lecture de ce texte historique dû à la plume prolixe d'Alexandre Douguine.

La victoire de Donald Trump aux élections présidentielles américaines est un événement historique de portée mondiale, comparable aux événements de 1917 ou de 1945. Elle marque le début d’un changement fondamental dans l’ordre mondial, qui nécessite une analyse et une explication approfondies. Oui, en Russie, beaucoup ont consciemment tenté de minimiser l’importance de ces élections. Les Russes sont en effet très attentifs à ce qu’ils disent et préfèrent ne pas dire tout ce qu’ils pensent. Parfois, ils se donnent même beaucoup de mal pour le cacher.

Quelqu’un comme Poutine

Nous attendions la victoire de Trump, nous l’espérions, même si nous ne l’admettions pas souvent ouvertement. Au contraire, nous avons souvent voilé nos attentes de diverses manières, y compris en nous efforçant d’éviter de nuire à Trump lui-même.

Je crois que cela explique la déclaration de notre président sur le soutien à Harris: pour « toucher du bois » et éviter de porter la poisse, il a dit le contraire de ce qu’il pensait. Il s’agissait également d’éviter d’exposer le candidat qui représentait pour nous une chance d’avoir une perspective fondamentalement différente et nouvelle dans les relations avec l’Occident, avec les États-Unis, et un nouvel équilibre des pouvoirs dans le monde.

Trump n’est pas seulement le candidat du Parti républicain (et il est loin d’être un candidat ordinaire pour l’Amérique, pour les républicains ou pour la politique mondiale). Trump est une révolution mondiale. Une révolution conservatrice. Et le fait qu’il ait réussi à accéder au pouvoir une fois, puis à résister à tous les coups pendant la présidence de Biden, et maintenant à remporter triomphalement l’élection présidentielle à nouveau, signifie qu’il n’est pas un accident. Personne ne peut contester cela en disant qu’il s’agit simplement d’un « dysfonctionnement du système ». Non, il s’agit d’une tendance, d’une ligne fondamentale.

81gF17TRrPL.jpgTrump a cimenté cette tendance en choisissant comme vice-président J. D. Vance, première personnalité de la politique américaine à ce niveau à déclarer ouvertement que son idéologie est celle de la « droite post-libérale ». Rien n’est plus significatif que cette déclaration de Vance. La « droite post-libérale » représente la vraie droite, celle qui défend les valeurs traditionnelles et non le grand capital. Ils sont de droite au sens fondamental du terme : droite conservatrice, droite « illibérale » ou, comme le dit Vance lui-même, « post-libérale ». Le fait que Trump ait gagné aux côtés de Vance, qui est jeune et idéologiquement engagé dans une révolution conservatrice, indique que cette tendance est là pour durer.

Les événements qui se sont déroulés ne sont pas une simple coïncidence, d’autant plus qu’au fil des ans, Trump n’a été ni emprisonné, ni tué, ni détruit – bien qu’il ait été qualifié sans relâche de « fasciste » et de « poutiniste » par des fanatiques démocrates pendant huit ans. Aujourd’hui, nous pouvons dire en toute confiance que le «poutinisme» a triomphé aux États-Unis: L’Amérique a voté pour… « nous voulons quelqu’un comme Poutine ».

Ne vous attendez pas à des miracles, mais il faut prendre Kiev

La Russie ne doit pas s’attendre à des miracles de la part de Trump et de sa nouvelle administration. Nous devons gagner la guerre en Ukraine, pour libérer l’ensemble du territoire. Indépendamment de la victoire de Trump ou de tout autre facteur, cet impératif demeure. Comme le disait le consul romain Caton l’Ancien, « Carthage doit être détruite » ; dans notre cas : « Kiev doit être prise ». Nos forces doivent aller jusqu’à Lviv, libérant l’ensemble de l’ancien territoire de l’Ukraine.

Bien sûr, les conditions que Trump pourrait nous offrir sont également très importantes. Mais il s’agit là d’une question secondaire, qui concerne la manière dont nous formalisons notre avancée vers la victoire. Ici, nous devons agir subtilement, intelligemment et sagement, tout en comprenant que la victoire est primordiale.

Nous devrions également prêter attention à la façon dont Trump est perçu à Kiev. Après tout, le fils de Trump, Donald Jr, ainsi que Vance, Elon Musk et surtout Tucker Carlson – certaines des personnalités les plus en vue qui soutiennent Trump – méprisent ouvertement le régime ukrainien. Ils estiment à juste titre que Zelensky et sa junte ont été entièrement créés par l’administration démocrate et que derrière eux se cachent des mondialistes qui ont entraîné l’Occident et les États-Unis dans une aventure ratée en Ukraine.

Et Kiev répond en nature

Kiev leur rend la pareille. Bon nombre des personnes mentionnées figurent dans la base de données « Myrotvorets », qui est interdite en Russie, où les dirigeants de Kiev se plaisent à publier des informations sur leurs ennemis en appelant à leur élimination physique par des méthodes terroristes. Donald Trump Jr. et Tucker Carlson y figurent. Cela signifie que, du point de vue du régime de Kiev, une partie importante de la future administration de Trump est susceptible d’être éliminée.

Je pense que tout cela va bientôt prendre fin. Non, il ne s’agira pas d’un retrait pur et simple du soutien à Kiev. Il est peu probable que Trump arrête immédiatement tout et dise aux Russes de traiter cette canaille comme ils l’entendent. Mais les républicains qui arriveront au pouvoir oublieront la guerre d’Ukraine, au moins temporairement – et peut-être définitivement. Ils diront : « Nous avons d’autres problèmes bien plus urgents chez nous: la décomposition de la société américaine, la dégradation de la classe dirigeante, la corruption rampante et l’assaut contre les valeurs américaines traditionnelles. »

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Pendant ce temps, Trump continuera probablement à soutenir Netanyahou et ses actions agressives au Moyen-Orient, ce qui est, bien sûr, regrettable pour la population arabe de cette région. Les États-Unis intensifieront également leur guerre commerciale avec la Chine et pourraient soutenir plus activement la Corée du Sud dans sa confrontation avec la Corée du Nord. La victoire de Trump ne signifie donc certainement pas que tous les problèmes seront résolus. Mais il est clair qu’il se désintéressera du conflit ukrainien, simplement pour des raisons pragmatiques de base, puisqu’il n’apporte aucun avantage à l’Amérique ou à Trump lui-même.

Trump rejettera évidemment la responsabilité de tout ce qui s’est passé sur Biden. Il est même possible que Biden, Kamala Harris et toute la clique qui a incité au carnage sanglant en Ukraine soient jugés. Ou peut-être seront-ils épargnés. Mais c’est une autre affaire. Sous Trump et Vance, l’Ukraine tombera aux alentours de la 15ème priorité de la politique de la Maison Blanche. Cela nous donne une opportunité que nous devons saisir.

Hypothétiquement, Trump pourrait lancer un ultimatum assez dur à Moscou pour qu’il mette immédiatement fin à l’opération militaire spéciale. Mais c’est peu probable, car en tant que réaliste et pragmatique, il sait très bien que Poutine n’obtempérera pas. Et que se passerait-il alors ? Il a promis d’arrêter la guerre, mais n’a pas tenu parole. Il est donc préférable d’oublier ces promesses jusqu’à notre victoire.

Trump ne s’attachera pas à chasser les « démons » du régime hystérique de Kiev. Nous devons nous-mêmes combattre ce véritable extrémisme – c’est notre fardeau, notre destin, notre épreuve et notre tragédie. Nous devons le résoudre nous-mêmes. Quant au monde, l’arrivée au pouvoir de Trump est le seul moyen d’éviter une guerre mondiale, une apocalypse nucléaire, et d’avancer vers la construction d’un monde multipolaire sans conflit direct avec l’hégémonie occidentale. Trump a sa propre vision de la manière dont l’Amérique peut redevenir grande – et non par le biais du mondialisme, de l’impérialisme démocratique ou de l’imposition d’un modèle unique à tous les peuples, que les libéraux et les démocrates ont d’abord tenté d’imposer à la société américaine elle-même.

Une scission dans l’« État profond »

Trump n’aurait pas pu gagner, ou plutôt personne n’aurait pu reconnaître sa victoire, s’il n’y avait pas eu une scission au sein de l’« État profond » américain. À la veille de l’élection, mon article sur cette division a été publié dans le magazine conservateur américain de grande audience Man’s World. J’y expliquais comment le « plan A » des mondialistes, suivi par tous les candidats démocrates et républicains précédents, avait abouti à une impasse.

Aujourd’hui, Trump a une occasion unique de mettre en œuvre le « Plan B », qui est lié à un ordre mondial multipolaire juste. Le récent sommet réussi des BRICS à Kazan n’était pas seulement un geste splendide, mais aussi une intervention efficace dans les élections américaines. Trump a reçu un chèque en blanc de l’« État profond » pour essayer une stratégie alternative afin de maintenir le leadership mondial de l’Amérique, une stratégie qui n’implique pas de confrontation directe avec un monde multipolaire.

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Trump n’est ni un libéral ni un mondialiste; il s’oppose à la tendance que suit l’Occident global d’aujourd’hui: LGBT+, post-humanisme, absence de morale et dégénérescence totale. De puissants centres idéologiques, économiques, financiers et culturels sont investis dans cette tendance vers une réalité post-humaniste et post-genre. Des personnalités comme Bernard-Henri Lévy, Yuval Harari, Klaus Schwab, ainsi que les démocrates américains, mais aussi l’élite libérale mondialiste de tous les pays, en sont les moteurs. Ce n’est pas une coïncidence si Yuval Harari a déclaré que la victoire de Trump signifierait « la fin de tout ». Pour les libéraux, il s’agirait d’une catastrophe mondiale, car ils considèrent que leur voie est la seule voie de développement possible et acceptable. Et cette catastrophe a déjà commencé – un désastre pour ceux qui poussent une voie satanique.

Qu’est-ce que cela signifie ?

Dans ces conditions, il est essentiel que nous ne nous oubliions pas, que nous renforcions notre souveraineté et que nous éliminions résolument la « sixième colonne » des partisans du développement libéral mondial. Nous devons redoubler d’efforts pour défendre nos valeurs et construire un monde multipolaire fondé sur la souveraineté des États civilisés.

La Russie doit s’affirmer fermement comme un pôle, et alors, tôt ou tard, le réaliste Trump n’aura d’autre choix que de le reconnaître. Ce sera notre victoire et la garantie de notre avenir – un avenir russe exigeant mais souverain.

Alexandre Douguine.

lundi, 11 novembre 2024

Hypothèses sur la politique étrangère de Donald Trump

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Hypothèses sur la politique étrangère de Donald Trump

par Pierluigi Fagan

Source: https://electomagazine.it/il-sahara-ferma-la-desertificaz...

Nous parlons d’hypothèses, car le nouveau président américain n’a pas donné l'interview préélectorale habituelle où les candidats exposent généralement les grandes lignes de leur politique étrangère, et parce que cet homme est, notoirement, peu prévisible. Cependant, certaines choses peuvent être envisagées et d'autres restent des suppositions.

    1) Ukraine. Il est presque certain que Trump réduira (peut-être seulement en partie) le soutien financier direct, les livraisons d'armements et l'engagement logistique des États-Unis. Il pourrait également laisser le «fardeau» dans les mains déjà hésitantes de l’Europe, qui fait l’objet d’autres objectifs stratégiques dont nous parlerons plus tard. Il essayera de parvenir à un accord de paix comme promis, bien que cela semble peu probable, sauf s’il est prêt à discuter avec Poutine des principes généraux de sécurité dans la région (positionnement des missiles, rôle des pays de l'OTAN frontaliers). Or, ceci paraît très improbable, étant donné que la dernière fois, Trump avait lui-même abandonné le Traité INF, pilier du système de sécurité européen signé autrefois par Gorbatchev et Reagan (alors qu’on l’accuse souvent d'être «l’ami de Poutine»!). Selon Mearsheimer, Poutine ne fait plus confiance à l’Occident sous aucune forme, et il semble peu probable qu'il fasse de réels compromis avec les États-Unis. Les premières déclarations russes après les élections ont réaffirmé que la Russie poursuivrait tous les objectifs de son opération militaire spéciale.

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   2) Russie. Cependant, il n'est pas certain que les relations avec la Russie soient nécessairement liées à la question ukrainienne. Trump est soutenu par l'industrie pétrolière, ce qui s'était pleinement révélé lors de sa première présidence avec la nomination de Rex Tillerson, ancien PDG d'ExxonMobil, comme Secrétaire d'État. ExxonMobil avait de nombreux partenariats avec la société russe Rosneft pour des explorations, notamment dans l’Arctique. Trump, qui avait reçu le soutien de R. F. Kennedy Jr. — connu pour ses positions écologistes — aurait déclaré : «C'est un type extraordinaire, il veut vraiment agir et nous lui en donnerons l’opportunité, mais j'ai simplement dit: 'Bobby, laisse-moi le pétrole.'» La question pétrolière reste donc ouverte. ExxonMobil considérait jadis l’exploration arctique comme stratégique et vitale, et Trump pourrait chercher à négocier un réchauffement des relations (indépendamment de l’Ukraine), en demandant peut-être à Poutine de ralentir le développement de la Route maritime du Nord (utilisée par la Chine pour contourner les détroits). Il est difficile de dire si les deux trouveront un accord, mais il semble très improbable que Poutine renonce à ce projet avec la Chine.

    3) Venezuela et Nicaragua. Ces pays ne font certainement pas partie des enthousiastes suite aux dernières élections présidentielles américaines. Après les récentes élections au Venezuela, Trump avait exprimé des critiques acerbes, et Elon Musk avait d'abord tweeté : «Le peuple vénézuélien en a assez de ce clown», puis, après une réponse de Maduro, il avait ajouté : «Un âne en sait plus que Maduro», avant de s'excuser d’avoir «insulté les ânes». Maduro a depuis suspendu X (ancien Twitter) dans son pays. En toile de fond, il y a les intérêts commerciaux de Starlink et une alliance avec Javier Milei pour une nouvelle hégémonie en Amérique du Sud. Le Venezuela, cinquième réserve mondiale prouvée d'hydrocarbures (et premier en Occident), pourrait également voir ses relations régionales modifiées par l’élection de Trump, tandis qu'Obrador au Mexique pourrait également être mécontent, confronté à une pression accrue aux frontières due aux migrations d'Amérique centrale.

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   4)  Netanyahu et Israël. Parmi les enthousiastes, on compte Netanyahu. Hier, le Premier ministre israélien a limogé le ministre de la Défense Gallant, son rival naturel au sein du Likoud. Gallant, préparant sa succession, avait demandé une enquête sur le 7 octobre. Selon Fagan, il semble peu probable qu’Israël ignorait tout des mouvements logistiques importants précédant l’attaque, et Gallant pourrait détenir des preuves que Netanyahu a sciemment ignoré les rapports (y compris ceux des services secrets égyptiens). Bien que la police ait ouvert une enquête, le soutien de Trump renforcera probablement Netanyahu, qui a envisagé des projets de développement à Gaza (hôtels de luxe, casinos) une fois les habitants palestiniens déplacés et le Hamas affaibli, facilitant les accords d'Abraham. Cette perspective pourrait raviver les tensions avec l'Iran, avec lequel Trump a été particulièrement dur (voir le retrait du JCPOA, l’accord nucléaire), et dont les réserves de pétrole et de gaz en font une cible géopolitique pour l'administration Trump.

    5) L'Europe. Trump cherchera à diviser l'UE pour négocier de manière bilatérale. Attendez-vous à des tarifs, des hostilités envers les politiques écologiques, des doutes sur l’OTAN, et une forte pression pour augmenter les dépenses militaires (et acheter des armes américaines). Ce sera un chapitre complexe sur lequel il faudra revenir plus tard.

    6) Chine. Concernant la Chine, des tensions peuvent également être prévues.

Le phénomène Trump est un moteur de l’histoire, ce qui, pour ceux qui l’étudient, n’est pas sans intérêt. La première élection de Trump avait coïncidé avec la sortie de mon premier livre en janvier 2017 ; cette fois, la publication de mon second ouvrage est prévue pour Noël, bien qu’il ne porte pas spécifiquement sur la géopolitique.

Ce texte de Fagan offre des perspectives sur les orientations possibles de la politique étrangère de Donald Trump dans divers domaines.

Si les cartes sont redistribuées, le paquet reste le même

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Si les cartes sont redistribuées, le paquet reste le même

par Enrico Tomaselli

Source: https://www.ariannaeditrice.it/articoli/si-rimescolano-le...

Je l'ai dit à une époque où cela n'était pas encore évident : l'élection de Trump en soi ne peut pas automatiquement représenter un tournant radical dans la politique internationale des États-Unis, car il existe des intérêts (concrétisés dans des stratégies à long terme) qui ne peuvent pas être remis en question à chaque changement d'administration. Il faudra donc voir, surtout sur le moyen et le long terme, comment le Président agira concrètement.

En gardant à l'esprit que, précisément parce qu'il s'agit d'une administration tendanciellement « isolationniste », son attention sera concentrée sur des questions internes aux États-Unis, à commencer par celle de l'immigration, l'un de ses chevaux de bataille. Et cela pourrait signifier, par exemple, que si les résistances du deep state à certains de ses orientations sont trop fortes, il pourrait utiliser son image de président principalement sur ces batailles internes, laissant à d'autres les rôles plus inconfortables liés à la politique étrangère.

Fondamentalement, sous cet angle, il sera essentiel de voir qui occupera deux postes clés : secrétaire d'État et secrétaire à la Défense. Il est assez évident que, du moins en partie, la vision trumpienne du « Make America Great Again » n’est pas si éloignée des orientations stratégiques des deux dernières décennies, ou du moins de la manière dont celles-ci sont en train de se réorienter. Par exemple, l'intention de mettre fin à la guerre en Ukraine (même si, comme il est assez évident, les idées sur la manière de le faire sont plutôt superficielles) ne s'écarte pas beaucoup du processus de désengagement déjà substantiellement amorcé sous la présidence de Biden.

Même par rapport à la question du Moyen-Orient, je ne vois pas de différences substantielles, et dans ce cas encore, il faudra voir comment se concrétiseront les slogans électoraux. La même déclaration « plus de guerres pendant mon mandat » peut facilement se traduire (et c’est probablement ce qui se passera) par une réduction de l'intervention américaine en soutien aux guerres en cours (et, bien sûr, par la non-participation directe des forces armées américaines), tout en maintenant l'incitation pour les différents proxy à continuer de manière plus autonome.

Quant à la Chine, il est clair que la présidence Trump sera marquée par une conflictualité économique, mais la dimension militaire — même si elle devait jamais se concrétiser — ne sera sûrement pas à l'ordre du jour sous la nouvelle administration. Ceux qui auront le plus à craindre de cette nouvelle administration ne sont aucun des pays que les États-Unis considèrent comme hostiles. Pour eux, cela changera relativement peu, car ils sont, chacun à leur manière, assez forts pour ne rien craindre de nouveau qu'ils n'aient déjà expérimenté ces dernières années.

En revanche, ce seront probablement les Européens qui paieront le prix des variations, même minimes, de la politique étrangère américaine. Le soutien largement anti-trumpien de presque toutes les directions européennes, du moins jusqu'à hier, ne manquera pas d’influencer davantage l’orientation de la politique des États-Unis envers l’Europe, qui de toute façon ne sera pas particulièrement favorable ; au contraire, on peut s’attendre à ce que nous soyons traités presque comme la Chine, mais sans en avoir ni la force commerciale ni la force politique.

En somme, les quatre prochaines années ne verront probablement pas de résolution rapide des conflits en cours, du moins pas par l’action directe des États-Unis. Néanmoins, tout changement dans le cadre général, même s’il n’est pas radical, apporte toujours de nouvelles opportunités ; il reste donc à voir qui, où et quand, saura les saisir. Et, bien sûr, surtout si il y aura saisie.

dimanche, 10 novembre 2024

Le multipolarisme et Donald Trump

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Le multipolarisme et Donald Trump

par Daniele Perra

Source: https://www.ariannaeditrice.it/articoli/il-multipolarismo...

Je n'ai aucune sympathie, aucun sentiment, pour la personne Donald J. Trump, pour ce qu'il a représenté (un capitalisme vorace, escroc, non régulé, qui insulte l'État, sauf pour courir pleurer vers les mêmes institutions étatiques quand il est en difficulté et se retrouve endetté jusqu'au cou auprès de banques étrangères) et pour ce qu'il représente aujourd'hui (le rêve humide des lobbies sionistes et des sectes messianiques du judaïsme et du protestantisme nord-américain). Son élection en 2016 ne m'a provoqué aucun enthousiasme, celle de cette année encore moins, et je vais tenter d'expliquer pourquoi.

De plus, je n'ai que très peu d'intérêt pour le processus électoral américain; où il n'y a pas grand-chose de démocratique, les États-Unis étant une oligarchie fondée sur le lobbying pour laquelle le vote populaire n'a qu'une valeur d'orientation.

Cela dit, dans un monde qui avance à « grands pas “vers le dépassement de l'ordre mondial libéral et la construction d'un ordre plus conservateur “ et ” protectionniste », l'élection de Trump (soutenu par un personnage comme Elon Musk, qui est, à mon avis, très louche) ne peut signifier qu'une chose: à savoir que les USA veulent mener ce processus et y mettre leur chapeau pour construire une sorte de multipolarisme hégémonique (dans lequel Washington continue d'exercer un rôle prédominant). En d'autres termes, il s'agit d'une réinterprétation « conservatrice » du multilatéralisme proposé par le duo Obama-Clinton.

En ce sens, l'élection de Trump sert de facteur de retardement vers la construction d'un véritable monde multipolaire fondé, comme l'affirme l'historien russe Aleksej Miller, « sur l'idée d'un équilibre des forces et des intérêts dans l'esprit des nations du 19ème siècle ». Cela ne signifie toutefois pas qu'une telle évolution n'aura pas lieu. Comme nous l'avons déjà écrit, les dynamiques et les événements auxquels nous assistons ont des racines lointaines; ces processus historiques ne peuvent être arrêtés et auront des répercussions pendant des décennies et au-delà sur les générations suivantes. Toutefois, poursuit M. Miller, nous devons nous méfier de la « nervosité actuelle de l'Occident, qui est devenue une source de grande instabilité pour le monde ».

Si l'on considère que c'est Donald Trump, avec les « Accords d'Abraham » et l'assassinat de Qassem Soleimani, qui a initié cette nouvelle phase de conflit au Proche-Orient (avec la « guerre totale » imminente contre l'Iran sur laquelle la propagande occidentale travaille fébrilement - voir l'histoire de la jeune fille à moitié nue), les perspectives pour l'avenir proche ne sont pas roses.

Dans ce cas, l'Iran devrait essayer de ne pas se laisser entraîner dans une confrontation à grande échelle et tenter d'épuiser Israël dans un conflit long et asymétrique (où les coûts économiques, militaires et humains pour Tel-Aviv ne cessent de croître). La défaite stratégique d'Israël est en fait cruciale pour l'effondrement de la nouvelle conception hégémonique des États-Unis.

vendredi, 08 novembre 2024

Alexandre Douguine et la révolution de Trump

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Alexandre Douguine et la révolution de Trump

Markku Siira

Quelle: https://markkusiira.com/2024/11/07/aleksandr-dugin-ja-tru...

Les analystes politiques les plus excentriques se réjouissent déjà en affirmant qu’avec le retour de Trump, les "globalistes" perdront et le monde sera sauvé. Sur quoi repose une telle croyance ? Ne serait-il pas plus prudent d’attendre les actes concrets de l’administration Trump avant de se réjouir de manière trop optimiste ?

Le théoricien russe en géopolitique, souvent qualifié de "fasciste" en Occident tout comme Trump, principal idéologue du néo-eurasisme et théoricien d’un "monde multipolaire", Aleksandr Douguine, est un fervent "trumpiste" depuis 2016. Pour une raison ou une autre, il voit en Trump plus de bien que de mal.

Douguine s’enthousiasme à l’idée que la victoire écrasante de Trump lors des élections présidentielles américaines pourrait entraîner un "bouleversement sismique dans l’ordre mondial". Selon le penseur russe, il s’agirait même d’une "révolution conservatrice qui défie le globalisme libéral", accélérant la naissance d’un monde multipolaire.

Douguine affirme que, bien que cela n’ait pas été ouvertement admis, la Russie espérait aussi le retour de Trump, et que, par exemple, les propos de Poutine évoquant une présidence de Kamala Harris relevaient en réalité d’un "touchons du bois" superstitieux, espérant ainsi que Trump gagne les élections et permette un nouvel équilibre des forces dans le monde.

Cependant, la Russie ne doit pas s’attendre à des miracles de la part de Trump et de sa nouvelle administration. Indépendamment de la victoire de Trump ou de tout autre facteur, Douguine estime qu’il reste essentiel que la Russie gagne la guerre en Ukraine. "Tout comme l’ancien consul romain Caton l’Ancien disait que Carthage devait être détruite, pour la Russie, Kiev doit être prise", affirme-t-il.

Il se murmure que l’équipe de Trump travaille sur un "plan de paix" pour l’Ukraine. Selon certaines fuites, ils pourraient proposer de geler le conflit jusqu’à une date indéfinie. Cependant, il est peu probable que Poutine accepte cette idée ; ainsi, on espère que Trump proposera de meilleures solutions, faute de quoi les hostilités continueront.

Parallèlement, Trump continuera probablement à soutenir les actions agressives d’Israël. Les États-Unis envisagent également d’intensifier la guerre commerciale avec la Chine et pourraient apporter un soutien accru à la Corée du Sud dans sa confrontation avec la Corée du Nord. "Ainsi, la victoire de Trump ne signifie absolument pas que tous les problèmes seront résolus", admet également Douguine.

Les événements qui se sont déroulés ne sont pas des coïncidences, selon Douguine, "surtout si l’on considère que Trump n’a ni été emprisonné, ni assassiné, ni éliminé, malgré les attaques incessantes des fanatiques démocrates qui ont tenté de le discréditer pendant huit ans". Douguine voit dans cette résistance la preuve que le "poutinisme" a triomphé aux États-Unis : les Américains ont voté pour Trump parce qu’ils voulaient "quelqu’un de semblable à Poutine" pour diriger leur pays.

Le retour de Trump apparaît aux yeux des libéraux occidentaux comme "le coup de grâce pour ce qu’il reste de l’ordre mondial" (comme l’a affirmé l’écrivain israélien Yuval Harari, également associé au Forum économique mondial), car ils n’ont envisagé qu’un seul chemin de développement, celui où l’élite managériale régit la vie des nations.

Y a-t-il des désaccords au sein de l’élite occidentale concernant l’avenir ? Douguine suppose que Trump a reçu des autorités de l’État profond l’autorisation d’"expérimenter une stratégie alternative pour maintenir la domination mondiale de l’Amérique sans confrontation directe avec le monde multipolaire". Nous verrons bientôt si cette hypothèse est simplement un vœu pieux de Douguine.

Douguine pense que "la Russie doit consolider sa position en tant que pôle indépendant et qu’ensuite, tôt ou tard, un Trump réaliste n’aura d’autre choix que de reconnaître les faits". Selon le penseur russe, cela représente "la garantie de la victoire et de l’avenir souverain de la Russie".

17:37 Publié dans Actualité | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : actualité, états-unis, donald trump, alexandre douguine | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook

Trump et la « Génération Z »

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Trump et la « Génération Z »

par A. P. Dimopoulos

Bron: https://enaasteri.blogspot.com/2024/10/t.html

Jusqu'à la fin du 20ème siècle, c'était presque un axiome politique de dire que les jeunes avaient tendance à soutenir la gauche. Cet axiome était souvent résumé par la célèbre expression (souvent attribuée à tort à Churchill): « Si, à 25 ans, vous n'êtes pas de gauche, vous n'avez pas de cœur; si, à 30 ans, vous n'êtes pas de droite, vous n'avez pas de tête». Cette idée sous-entendait que la maturité pousse les gens vers la droite.

Cependant, ce postulat a commencé à évoluer avec l'arrivée du nouveau siècle. En effet, les jeunes électeurs ont commencé à se tourner vers les partis de la dite "extrême droite" émergente en Europe, un phénomène interprété à l’époque par le fait que cette « extrême droite » était plus radicale comparativement à une gauche devenue l'« establishment ». Les jeunes suivaient simplement le courant le plus radical. Ce phénomène s’est ensuite étendu aux États-Unis et est parfaitement reconnaissable aujourd’hui.

Ainsi, une des réalités les plus frappantes des prochaines élections présidentielles de novembre aux États-Unis est la popularité de Trump au sein de la « génération Z », c'est-à-dire celle née à partir de 1998 et qui représente aujourd'hui la catégorie politiquement significative des « jeunes électeurs » âgés de 18 à 24 ans.

Cette génération a grandi avec Internet et les téléphones mobiles, exposée aux médias sociaux, et est aussi surnommée « iGeneration ». Car, comme le montrent les sondages, Trump est populaire au sein de cette génération, que l'on associe pourtant aux préoccupations environnementales, aux mouvements antiracistes de notre époque (et à la culture woke). En particulier, chez les hommes âgés de 18 à 24 ans, cette popularité semble majoritaire, et de nombreux analystes cherchent à comprendre pourquoi.

Qu’est-ce que la « génération Z » trouve de positif chez Trump, malgré son opposition à l’activisme climatique, à l’immigration inclusive et à l’agenda woke ? La réponse n'est peut-être pas si étonnante, et il existe un chemin, bien que sinueux, reliant la « génération Z » à Trump.

Naturellement, l'analyse sociologique de la « génération Z » est encore en cours, mais certains traits de leur mode de vie commencent à émerger. Trois d'entre eux se distinguent.

Premièrement, c'est une génération plutôt pessimiste, ayant intégré (de manière exacerbée par l’exposition aux réseaux) des crises récurrentes liées à l'économie (la « génération Z » pense généralement qu'elle connaîtra moins de prospérité et de sécurité financière que ses parents) ainsi que des menaces climatiques et géopolitiques. Elle a aussi été marquée par les confinements inédits liés à la pandémie.

Deuxièmement, c’est une génération qui valorise la famille et l’espace personnel comme des zones de sécurité (une vision introspective, qui se manifeste par son attrait pour les jeux vidéo et les séries télévisées, contrairement à des générations plus âgées et plus extraverties).

Troisièmement, c’est une génération moins « assertive » sur le plan romantique, probablement à cause de l’exposition précoce à la pornographie en ligne et de la facilité (mais aussi de l’ennui) des rencontres virtuelles, ainsi que du cadre juridique néo-puritain d'inspiration féministe qui la rend prudente dans ses démarches. Et en considérant tout cela, on peut comprendre pourquoi Trump semble « cool » (ou peut-être même « rizz », dans leur propre jargon).

La raison pour laquelle Trump attire la « génération Z » est qu'il incarne la transgression de ce qu’elle redoute. Quelles insécurités économiques ou autres ? Trump est un multimillionnaire qui aspire, avec appétit, à un second mandat dans le poste politique le plus puissant du monde, malgré ses 78 ans et ses démêlés judiciaires colossaux, tout en annonçant de nouveaux projets d'affaires.

Les préoccupations climatiques, les guerres? Trump minimise plutôt que d’amplifier ces dangers. Quand il promet de mettre fin à la guerre en Ukraine par un simple coup de téléphone, il rappelle à la « génération Z » une capacité d'influence à laquelle elle n’est pas habituée.

Quant à la culture woke, ce que voit cette génération personnellement « frugale » chez Trump, c’est ce qu’elle n’arrive pas à incarner elle-même. Grande famille, certes, mais aussi une vie personnelle, perçue comme « flamboyante » pour ces jeunes enchaînés aux écrans.

En somme, l’image de Trump, avec ses alternances de clairs-obscurs, séduit une génération qui lutte précisément contre ce que lui, en tant que personnage, a complètement dépassé.

jeudi, 07 novembre 2024

Présidentielles américaines: quel que soit le vainqueur… je m’en fiche

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Présidentielles américaines: quel que soit le vainqueur… je m’en fiche

par Wolfgang van de Rydt

Source: https://opposition24.com/meinung/and-the-winner-is-mir-eg... 

Lors de son premier mandat, Donald Trump s'est illustré par une opposition au wokisme, une limitation de l’immigration de masse, et il a même enregistré le taux d’emploi le plus élevé pour les Afro-Américains depuis le début des statistiques. Il s’est aussi efforcé de ne pas déclencher de nouvelles guerres. Cependant, ses promesses grandiloquentes de « drainer le marais » ou d’envoyer Hillary Clinton en prison n’ont pas été tenues, tout comme celle de construire un mur à la frontière avec le Mexique.

Puis est arrivée la « crise du Cov id » et Trump a dû réagir. Il a soutenu toutes les mesures et s’est même vanté d’avoir été le premier à lancer un vaccin au niveau mondial. Aujourd’hui, s'il s’affiche proche des opposants aux vaccins et qu’il intègre Robert Kennedy dans son équipe, c’est uniquement par calcul politique. Avant la pandémie, Trump avait contraint Merkel à s’engager dans un accord énergétique et s’était toujours opposé aux gazoducs Nord Stream. Récemment, il a même affirmé que, sous sa présidence, il avait déjà posé les bases de la destruction de ces gazoducs, son successeur Biden n’ayant fait qu’exécuter le plan. Aussi allemandes que puissent être ses origines, Donald Trump n’apporte rien de positif pour l’Allemagne ; la guerre commerciale continue. Trump défend des intérêts puissants, dont Elon Musk n’est qu’un des visages. M. Neuralink, avec l’ensemble de ses entreprises, œuvre également à la création d’un « nouvel humain », comme Yuval Harari le préconise dans ses livres. Que la force ne soit pas avec eux.

Trump ou Kamala? Dans tous les cas, ce sera un désastre pour l'Europe

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Trump ou Kamala? Dans tous les cas, ce sera un désastre pour l'Europe

Augusto Grandi

Source: https://electomagazine.it/trump-o-kamala-in-ogni-caso-sar...

Quel que soit le résultat des élections américaines, ce sera un désastre pour l'Europe. Si la gagnante, avec ou sans fraude, est Kamala Harris, le Vieux Continent devra faire face à des années d'involution woke, le politiquement correct imposant toutes ces postures et gesticulations démentes. Et toujours l'Europe sera forcée d'être en première ligne pour se saigner à blanc afin de payer la folie de Zelensky, risquant même une guerre nucléaire sur son propre sol.

Si Trump gagne, peut-être que la guerre contre la Russie prendra fin, mais l'Europe sera obligée de soutenir une guerre économique contre la Chine. Et ce sera un désastre pour l'industrie européenne, pour l'économie en général, pour la vie des couches les plus faibles de la population qui n'ont pas les moyens de payer les prix des produits italiens et européens.

Quant à l'extermination en cours à Gaza, Trump a un gendre juif et Kamala un mari juif. Difficile de croire que l'un des deux daignera arrêter le boucher de Tel Aviv.

Donc la seule solution, en Europe, serait de bazarder une classe dirigeante inféodée aux intérêts de Washington. Quelle que soit la personnalité qui entre à la Maison Blanche. Au lieu de cela, nous nous retrouvons avec Scholz, Macron, Tajani et compagnie. Incapables de protéger les intérêts de leurs pays respectifs et de l'Europe dans son ensemble. Incapables de comprendre les changements dans le monde parce que, pour eux, le monde n'est que ce que Washington indique.

Ce n'est pas que le niveau de la classe politique yankee soit meilleur que celui de la classe politique européenne. Au contraire, une précieuse collaboratrice d'Èlecto a suivi la campagne électorale américaine, écoutant les principaux discours des candidats. Et elle a assuré que le niveau est si bas que même Giggino Di Maio, Azzolina et Moretti passent pour des géants de la politique.

Mais le pays est riche. Et jusqu'à présent, tout va bien pour les Américains. Mais le problème, c'est qu'ils prétendent dominer le monde. En soustrayant ailleurs des ressources et en imposant un mode de vie insupportable. Insupportable pour ceux qui ont le malheur d'avoir une tradition derrière eux et une culture à transmettre à la postérité.

vendredi, 11 octobre 2024

Harris contre Trump avec les États-Unis ciblant l'Eurasie

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Harris contre Trump avec les États-Unis ciblant l'Eurasie

« Le rêve de la 'fin de l'histoire' de Fukuyama ayant disparu, la guerre, le réarmement et la confrontation entre les grandes puissances sont de retour. Et les États-Unis réaffirment leurs priorités stratégiques en opposition aux puissances eurasiennes ».

par Gianni Marocco

Source: https://www.barbadillo.it/115872-focus-2-harris-vs-trump-...

De la doctrine Monroe à la domination du Pacifique et de l'Atlantique, poursuivie, sur la base d'une option géopolitique discutable, par l'administration de Franklin D. Roosevelt, à la fin des années 1930, avec un territoire métropolitain encore inattaquable par les armes de l'époque, telle est lasituation historique. Même si les intérêts vitaux des États-Unis n'étaient pas menacés (comme en 1917) par l'Allemagne ou le Japon, qui ne voulaient/pouvaient pas « asservir le monde » (une absurdité encore affirmée) et avec une majorité neutraliste et isolationniste à l'intérieur du pays. Jusqu'à l'attaque japonaise « cyniquement provoquée » sur Pearl Harbor en décembre 41, exaspérant Tokyo et ignorant même les avertissements des services de renseignement. Cette thalassocratie (du grec « mer » et « puissance »), domination navale et commerciale, déjà britannique jusqu'en 1918, puis « héritée » par l'ancienne colonie, s'exerçait, aussi idéologiquement, sur de grands espaces maritimes et les territoires qui les bordent.

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Il y eut ensuite la doctrine Truman (mars 1947) pour soutenir les pays attaqués par le communisme, comme la Grèce, alors en pleine guerre civile. Churchill avait évoqué le « rideau de fer » un an plus tôt. Heureusement qu'en Italie, c'est le pape Pie XII qui a fait perdre les élections d'avril 1948 au Front démocratique populaire (hégémonisé par les communistes staliniens), en mobilisant les curés et l'Action catholique, et non la DC de De Gasperi, ni même les accords de Yalta... Puis vinrent les tentatives américaines de retour en arrière, l'OTAN en 1949, le Pacte de Varsovie, la guerre froide, la Corée, le Vietnam, la doctrine de sécurité nationale pour l'Amérique latine, après 1962 et la crise des missiles de Cuba (assortie d'une formation militaire pour les « pays amis » à l'École des Amériques de Panama), la guerre du Golfe, la doctrine de la guerre préventive de Bush Jr. après le 11 septembre 2001, la guerre d'Irak, l'invasion de l'Afghanistan, les contractants, la lutte contre le terrorisme islamique, les assassinats « ciblés », etc.

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La documentation sur le sujet est vaste, il suffit de naviguer un peu sur le web. Deux textes en italien me semblent dignes d'être mentionnés ici : Phil Kelly, Saggi scelti di geopolitica classica. Dai nuovi heartland alle guerre dell'acqua (Callive, 2023) et La geopolitica anglosassone : dalle origini ai nostri giorni (Guerini, 2023) de Federico Bordonaro. Kelly est professeur de sciences politiques à l'Emporia State University (Kansas), membre du Forum Mackinder et théoricien de la géopolitique classique.

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Federico Bordonaro est professeur de géopolitique et d'histoire de l'Europe de l'Est à l'université Webster de Vienne et à l'université Sapienza de Rome, spécialiste des questions de sécurité européenne et de la pensée géopolitique.

Je transcris ci-dessous, à partir de « Analisi Difesa », La geopolitica anglosassone, article d'Alberto Cossu (30 septembre 2023), une critique de l'ouvrage précité, stimulant et original, de Bordonaro :

Le rêve de la « fin de l'histoire » de Fukuyama ayant disparu, la guerre, le réarmement et la confrontation entre les grandes puissances sont de retour. Et les Etats-Unis réaffirment leurs priorités stratégiques face aux puissances eurasiatiques, Russie et Chine, dans la lignée de la géopolitique classique. Une stratégie fondée sur la nécessité pour la puissance maritime de dominer l'espace terrestre entre l'Allemagne et la Russie et leurs mers fermées, la Baltique et la mer Noire. L'objectif est d'affaiblir la puissance russe et d'isoler la Chine, et d'empêcher la constitution d'un agrégat de puissance capable de défier la puissance américaine ».

Le rôle des États-Unis (le camp des dems in primis) se caractérise par certains piliers de la politique étrangère :

« Le leadership mondial, la défense et la promotion de l'ordre libéral international, la prévention de l'émergence de puissances hégémoniques en Eurasie. Une puissance qui dominerait l'Eurasie exercerait une influence énorme. L'Eurasie n'a pas la capacité de créer son propre ordre capable d'empêcher l'émergence d'un hégémon régional. Par conséquent, l'Eurasie a besoin de l'aide de pays extérieurs pour empêcher l'émergence d'autocraties ou de déséquilibres de pouvoir ».

Cette logique est reprise dans le document de stratégie de sécurité nationale de 2022 :

« Les États-Unis sont une puissance aux intérêts mondiaux. Nous sommes forts dans une région si nous pouvons maintenir un engagement affirmé dans une autre. Si une zone régionale sombre dans le chaos ou est dominée par une puissance hostile, cela affecte négativement nos intérêts ».

Il s'agit de la mise en œuvre des postulats de la géopolitique classique, dérivés de la célèbre théorie du Heartland de Halford J. Mackinder, élaborée dans The Geographical Pivot of History (= Le pivot géographique de l'histoire), 25 janvier 1904. Zbigniew Brzezinski, ancien conseiller à la sécurité de Jimmy Carter, dans The Grand Chessboard : American Primacy and Its Geostrategic Imperatives (1997), a théorisé le fait que sans le contrôle de l'Ukraine, la Russie perdrait son rôle de puissance européenne. Pour affaiblir la Russie, il faudrait la combattre en Ukraine. Le conflit russo-ukrainien offre, pour Bordonaro, des clés d'interprétation autres que l'attribution habituelle de toute responsabilité à l'impérialisme russe.

(Sources: https://www.analisidifesa.it/2023/09/la-geopolitica-anglossasone ; https://www.vision-gt.eu/institute)

Il sera bon de ne pas oublier que l'administration Biden-Harris, en choisissant l'option "proxy war", en immolant des Ukrainiens (depuis le Vietnam, les Américains ne veulent plus être des soldats combattants et mourir pour l'"Arsenal"), en humiliant à nouveau l'Allemagne avec la main lourde des vainqueurs de 1945, n'a pas pris la seule voie possible. Je suis convaincu qu'avec Trump il n'y aurait pas eu de conflit armé. Moscou était déjà entourée de pays de l'OTAN: cela valait-il la peine de la « donner » à Pékin (ainsi qu'aux BRICS+ restants) ? Pour débiliter l'Europe occidentale, pas moins que la Russie, comme l'a montré l'affaire Nord Stream ? Forte myopie des partenaires, soumis à tous les diktats US-OTAN-Bruxelles : de simples associations d'obséquieux à qui l'on peut soutirer de l'argent ? Aujourd'hui et pour l'interminable reconstruction de l'Ukraine ?

Tel est, dans ses grandes lignes, l'arrière-plan américain commun aux deux challengers. Et l'heure est grave. L'Italie, avec plus d'une centaine de bases US-OTAN sur son territoire, héritage de la défaite de 1943, dont au moins deux - Ghedi (Bs) et Aviano (Pn) - équipées d'engins atomiques, serait une cible quasi obligée en cas de conflit nucléaire. Voulons-nous courir ce risque énorme au nom des intérêts égoïstes d'autrui ?

dimanche, 29 septembre 2024

La rencontre de Trump avec Zelensky, un magistral coup de poker électoral

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La rencontre de Trump avec Zelensky, un magistral coup de poker électoral

Par Elena Fritz 

Source: https://www.pi-news.net/2024/09/trumps-treffen-mit-selenskyj-meisterhafter-wahlkampf-schachzug/

Que se passe-t-il lorsqu'un ancien président et un chef d'Etat étranger se rencontrent ? Dans le cas de Donald Trump et de Volodymyr Zelensky, cela devient vite évident : il ne s'agit pas seulement de politique, mais d'un jeu dangereux de pouvoir et d'influence. Trump a tenté d'apaiser les tensions entre les républicains et le président ukrainien en soulignant que Zelensky aurait pu faire le jeu des démocrates il y a cinq ans, lors de la procédure d'impeachment - mais qu'il ne l'a pas fait. Une manœuvre intelligente ?

Mais le Washington Post ne s'est pas fait attendre et a répliqué par une vérification des faits cinglante : « Non, Zelensky n'a jamais dit que Trump n'avait absolument rien fait de mal ! Les projecteurs se sont ainsi braqués sur une conférence de presse commune tenue il y a cinq ans, au cours de laquelle Trump avait parlé d'une « magnifique conversation » et Zelensky avait confirmé que personne n'avait fait pression sur lui. Alors que Trump affirme n'avoir rien inventé, le Washington Post maintient que toute l'histoire de l'impeachment contre lui était une construction.

Dans ce jeu de manœuvres politiques, il est difficile de savoir qui tire réellement les ficelles. Trump, qui se met en scène comme un pacificateur, profite de l'occasion pour redorer son image. Avec un sourire presque maussade aux côtés de Zelensky, il souligne ses bonnes relations avec Poutine et donne ainsi l'impression d'être le seul à pouvoir contrôler les aides financières à l'Ukraine tout en instaurant la paix.

Zelensky, assis entre deux chaises, savait que dire non à une rencontre avec un potentiel futur président aurait été une entreprise risquée. Après tout, il est soutenu par les démocrates. Mais dans un climat politique où Trump regagne en influence, Zelensky a dû peser le pour et le contre de sa position.

Trump profite également de la rencontre pour se présenter comme un politicien modéré, prêt à travailler sur une mission de paix avec le gouvernement actuel après une éventuelle victoire électorale. Un coup audacieux qui pourrait non seulement lui attirer la sympathie, mais aussi lui permettre de convaincre au-delà des frontières des partis.

Et n'oublions pas les néoconservateurs: malgré leur position affaiblie, ils ont encore une énorme influence au sein du parti républicain et peuvent mobiliser d'importants moyens financiers - des ressources dont Trump a un besoin urgent dans une campagne électorale serrée.

En fin de compte, cette rencontre montre clairement une chose: Trump 2024 n'est plus le populiste impulsif de 2016. Il a changé, il est devenu plus stratégique et plus calculateur. Bien que la rencontre avec Zelensky n'ait pas donné de résultats politiques tangibles, il s'agissait d'un coup magistral sur l'échiquier de la campagne électorale - un acte symbolique aux conséquences importantes, qui place à la fois Trump et Zelensky dans une position passionnante. Le paysage politique est en mouvement, et le prochain coup est imminent.

Qui est Elena Fritz?

Elena Fritz, née le 3 octobre 1986, est arrivée en Allemagne il y a 24 ans en tant qu'Allemande de Russie. Après son baccalauréat, elle a étudié le droit à l'université de Ratisbonne et a obtenu un diplôme avec succès. Elle s'est engagée dans l'AfD en 2018, a fait partie du comité directeur du parti dans l'État de Bavière de 2019 à 2021 et s'est présentée comme candidate directe au Bundestag en 2021. Elle est l'heureuse mère d'un petit garçon de trois ans. Cliquez ici pour accéder au canal Telegram d'Elena Fritz: https://t.me/global_affairs_byelena.

vendredi, 13 septembre 2024

Lacan et le « trumpisme psychédélique »

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Lacan et le « trumpisme psychédélique »

Alexandre Douguine

La méthode de Lacan

Essayons d'appliquer la topologie de Lacan aux élections américaines.

Rappelons le modèle de base de Lacan. Il peut être représenté sous la forme de trois anneaux de Borromée ou de trois ordres :

  1. 1) Le réel,
  2. 2) Le symbolique,
  3. 3) L'imaginaire.

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Le réel est le domaine où toute chose est strictement identique à elle-même. Cette identité absolue (A=A) exclut la possibilité même d'être, c'est-à-dire d'être en devenir. Le Réel est donc une zone de pure mort, de néant. Il n'y a pas de changement, de mouvement ou de relation en lui. Le Réel est vrai, comme le néant est vrai, n'ayant pas d'alternative.

Le Symbolique est la zone où rien n'est égal à lui-même, où une chose renvoie toujours à une autre. C'est une fuite du réel, motivée par le désir d'éviter la mort et la chute dans le néant. C'est là que naissent les contenus, les relations, les mouvements, les transformations, mais toujours sur le mode du rêve. Le symbolique est l'inconscient. Le sens du symbole est qu'il désigne quelque chose de différent de lui-même (en fait, peu importe ce que c'est, l'essentiel est que ce ne soit pas lui-même).

L'imaginaire est le lieu où s'arrêtent la dynamique et la cinétique du symbolique, mais sans que la chose ne meure, ne s'effondre dans le réel. L'Imaginaire, c'est ce que nous prenons pour l'être, le monde, nous-mêmes ; c'est la nature et la société, la culture et la politique. C'est tout, et en même temps c'est un mensonge. Chaque élément de l'imaginaire est en fait un moment figé du symbolique. L'éveil est une forme de sommeil, inconscient de lui-même. Tout dans l'Imaginaire se réfère au Symbolique, mais se fait passer pour un prétendu « Réel ».

Dans le Réel, A=A est vrai. Dans l'Imaginaire, A=A est faux. Dans l'Imaginaire, chaque chose n'est pas identique à elle-même, mais contrairement au Symbolique, elle ne veut pas l'admettre - ni à elle-même, ni aux autres.

Le Réel n'est rien. Le Symbolique est un devenir toujours changeant. L'imaginaire est le faux nœud du Symbolique figé.

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Lacan et la politique

Lacan lui-même était bien conscient que le modèle des trois ordres jetait une ombre sur la stratégie de base du réformisme, du progressisme et de la révolution. Ce n'est pas un hasard si, dans sa jeunesse, il était de droite et monarchiste, proche de Maurras. Et dans les années 60, il a soutenu, contrairement à la « nouvelle gauche », plutôt le statu quo et le système de De Gaulle. Ceci n'est pas un hasard, mais découle du modèle des trois anneaux de Borromée.

La Nouvelle Gauche révolutionnaire (telle qu'interprétée par Lacan) voulait remplacer le Symbolique (le surréel, le schizophrénique, le transgressif) par l'Imaginaire (les anciennes structures sociopolitiques, l'ordre en tant que tel). Ils ont fait un usage utilitaire de Lacan - le freudisme ironique a aidé à effondrer les prétentions de l'Imaginaire (Ordre) à être complet et logique (A=A), alors qu'il n'était, en fait, qu'un moment figé de délire. Mais ils ont négligé le fait que dès que l'ancien Imaginaire s'effondre ou fond sous la pression de la critique (politique, esthétique, sociale, épistémologique, etc.), le Symbolique lui-même ne peut pas prendre sa place. Il deviendrait aussitôt un nouvel Imaginaire, tout aussi totalitaire, dictatorial et idiot.

Lacan lui-même en a vu des exemples partout, notamment dans le bolchevisme soviétique. Les bolcheviks ont commencé par un appel à la liberté et à l'égalité, et se sont rapidement transformés en une hiérarchie de parti rigide avec un appareil de violence totalitaire. Mais la même chose s'est produite avec Cromwell ou la Grande Révolution française. Le symbolique ne conserve ses propriétés que lorsqu'il reste au niveau de l'inconscient, dans l'élément du sommeil. Lorsqu'il remonte à la surface, il se transforme immédiatement en Imaginaire. Au fond, c'est la même chose, mais sous de nouvelles formes. Ces formes renvoient elles-mêmes au Symbolique, d'où elles viennent. Mais c'est une propriété de tous les systèmes de l'Imaginaire - il fut un temps (jusqu'à ce qu'ils se figent) où ils étaient tous symboliques, vivants et changeants.

Ainsi, le révolutionnaire d'aujourd'hui est le totalitaire de demain, le fonctionnaire brutal et l'exécuteur de la violence. La réforme (dans le contexte de l'ontologie des trois anneaux de Borromée) n'est pas possible parce qu'elle aboutira à la même chose. Le Symbolique n'est pas capable de remplacer l'Imaginaire, jamais et dans aucune condition.

C'est ce que croyait Lacan, et cette conclusion découle directement de son système.

Kamala Harris et le Symbolique

Venons-en maintenant aux élections américaines. Nous assistons à un affrontement féroce entre « progressistes » (Kamala Harris, le Parti démocrate) et « conservateurs » (Trump et les Républicains). Dans une analyse lacanienne, à première vue, les rôles sont clairement distribués : Kamala Harris incarne l'invitation à la transgression, la légalisation de la perversion, la libération de tous les interdits et de toutes les normes, c'est-à-dire l'expansion de la zone du Symbolique. Le programme des démocrates est une structure de non-sens bien tempéré - plus de LGBT, plus de culture de l'annulation, plus de migrants illégaux, plus de drogues et d'opérations de changement de sexe, plus de décommodification des anciens ordres, plus de BLM et de théorie raciale critique.  Plus de honte pour les hommes blancs, normaux, mentalement épanouis, puissants, patriarcaux et traditionnels, parallèlement à l'élévation des femmes, des body positifs, des transsexuels, des pervers, des furries, des quadras, des infirmes, des pédophiles, des maniaques, des cannibales et des dégénérés. En d'autres termes, liberté au subconscient! La Machine à Désir en tant qu'usine de micro-incarnations doit remplacer l'Imaginaire.

Et bien sûr, l'Imaginaire principal, ridiculisé et attaqué de toutes parts et par toutes les méthodes disponibles, est Donald Trump - l'archétype généralisé de la « non-liberté », des « hiérarchies », de la « rationalité masculine », etc.

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Kamala Harris - représente le Symbolique, d'où son discours étrange, son rire interminable, glacial et dépourvu de sens, sa gestuelle confuse, inarticulée, expressive, désignant à chaque fois clairement quelque chose d'intuitif mais d'indéfinissable. Kamala Harris est une figure du rêve actif. En elle, le fidèle voit l'impossible devenir possible, et une chose se fondre imperceptiblement dans une autre. Mais ce faisant, tout est flou, brouillé. C'est le « progrès ». Le blanc est devenu noir. Autrefois capitalistes, ils sont devenus n'importe quoi (« cassez les magasins, c'est la loi ! »). Les hommes et les femmes sont devenus de vagues objets de désir (le petit « a » de Lacan), évitant toujours la fixation.

En d'autres termes, au mépris des avertissements de Lacan sur l'immuabilité de la structure des anneaux de Borromée, le Parti démocrate tente activement de démolir l'Imaginaire américain, et se montre désireux de le remplacer par le Symbolique.

Une déformation totalitaire du libéralisme

Mais... Lacan a mieux compris son système que sa progéniture illégitime d'obédience gaucho-libérale. On s'en aperçoit aisément dès lors que l'on s'extrait un peu de l'hypnose progressiste. C'est une chose quand l'homosexualité et les autres perversions sont des choses interdites, mal vues, persécutées. Alors, en effet, elle appartient au Symbolique. Mais si ces choses sont légalisées, elles changent immédiatement de nature, devenant une norme prescriptive, une loi, un impératif totalitaire rigide. En d'autres termes, les perversions autorisées deviennent un Imaginaire, un facteur figé, limitatif et nullement libérateur pour le Symbolique.

Il en va de même pour toutes les autres perversions légalisées et l'anomie. La théorie raciale critique n'est pas différente du racisme, mais cette fois-ci, elle est anti-blanche. Le féminisme conduit logiquement à la dégradation systémique de la masculinité, à la transformation des hommes en êtres humains de seconde zone. La haine de tout ce qui est progressiste contre tout ce qui est conservateur (réactionnaire) fait que le traditionaliste est persécuté, opprimé, continuellement insulté par la « minorité ». Les victimes du génocide deviennent elles-mêmes des exterminateurs de masse et des persécuteurs.

L'imaginaire ne peut être défait. Cette vérité est prouvée par les dernières mutations du libéralisme et du gauchisme (car le gauchisme a été traduit à tous ses stades et dans toutes ses versions). Le libéralisme devient normatif, et donc totalitaire. Non seulement on peut être queer (pas comme tout le monde), mais on est obligé de l'être (il se trouve qu'on est obligé d'être comme tout le monde). Au niveau du Symbolique, c'est parfaitement cohérent, puisque le décalage est ici la règle (l'algorithme du rêve ou du délire). Mais au niveau de l'Imaginaire, de la linéarité et de la stricte prescriptivité, même le queer (notamment la légalisation du mariage homosexuel et autres perversions) devient à son tour objet de critique - le tout du même côté, du Symbolique.

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Trumpisme psychédélique et rêves de droite

Mais où trouver un lieu pour attaquer l'Imaginaire libéral figé, devenu totalitarisme pur et dur ? La réponse est évidente : dans le pôle opposé. Nous pourrions l'appeler le Symbolique trumpiste. Dès la première campagne présidentielle de Trump, nous avons vu des signes de cette stratégie dans l'alt-right, sur 4chan, dans le mème Pepe the Frog, dans la conspiration reptiloïde, dans la magie du chaos et dans les théories délirantes des Q-anons. Nous pouvons conventionnellement, avec quelques modifications, l'appeler le « Trumpisme ésotérique » ou même plus précisément le « Trumpisme psychédélique ».

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Si les Démocrates et leurs pratiques transgressives sont devenus l'Imaginaire, c'est-à-dire le complexe coercitif totalitaire figé des stratégies de pouvoir prescriptives, alors la critique psychanalytique par le Symbolique s'est naturellement centrée sur les Républicains. Pas tous, bien sûr, mais les plus libérés, les plus « désaxés » et les plus délirants.

Et c'est là qu'apparaît une image intéressante. Le pouvoir aux mains du Parti démocrate et des néoconservateurs qui lui sont proches dans le secteur droit, en fait les porteurs de l'Imaginaire, c'est-à-dire de l'ordre mondialiste. Et le progressisme, synonyme de Symbolique, entre en conflit avec le totalitarisme figé dans la course effrénée des Démocrates au pouvoir. Et tandis que dans les récits des démocrates, l'imaginaire est Trump, sa femme Melania, les républicains et l'Amérique paléo-libérale en général, dans le système global, l'imaginaire aujourd'hui est plutôt les démocrates eux-mêmes, qui se frayent un chemin vers le pouvoir. Kamala Harris est une protégée du système organisé rigide, de l'État profond. Elle n'est pas un organisme, mais un mécanisme, un maillon de la verticale du pouvoir. C'est ainsi que se manifeste l'ordre de l'Imaginaire. Les appels au Symbolique ne le voilent que faiblement.

Mais seul le « Trumpisme psychédélique », qui assume de plus en plus les fonctions du Symbolique, peut le reconnaître et donner forme et dynamisme au discours critique.

Une telle analyse explique parfaitement le choix de J. D. Vance comme colistier, voire successeur, potentiel de Trump dans sa lutte idéologique contre le Marais libéral. Vance n'est plus du tout Imaginaire, mais purement Symbolique. Il est ouvertement orienté vers le champ extravagant - purement psychédélique - de la droite post-libérale, c'est-à-dire l'univers chaotique de l'alt-right proprement dit. Peter Thiel, Curtis Yarvin (Maldbog), le brillant philosophe français René Girard (auteur d'ouvrages sur la violence sacrée) sont les figures atypiques par excellence des républicains de droite classiques, qui ne peuvent être dessinées pour illustrer l'Imaginaire (qui est soi-disant ce que les progressistes tentent de détruire - « au nom du Symbolique »). La stratégie psychanalytique des Démocrates échoue sur Vance, puisque Vance lui-même est le pôle du Symbolique de la droite atypique. Il est possible qu'il s'en rende compte lui-même et qu'il connaisse Lacan. C'est pourquoi le choix de Vance comme vice-président est un mouvement crucial dans la campagne de Trump. Une fois de plus, la magie du chaos, c'est-à-dire l'anneau de Borromée, conjuguée aux éléments de l'onirisme et des psychédéliques, est de son côté. Mais cette fois, c'est plus complet et plus systématique.

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En même temps, si l'on s'en tient strictement à Lacan, la connexion Trump-Vance est la plus harmonieuse et la plus prometteuse. Chez Trump, en effet, il y a l'Imaginaire qui séduit l'électorat de droite. Mais il est complété par le postmodernisme de droite, la critique sociale et le délire libératoire sous la forme du « Trumpisme psychédélique » et de Vance proprement dit. Le mode rationnel du jour, qui est inévitable pour tout gouvernement et qui, dans le cas de Trump, est transparent et non contradictoire, est contrebalancé par un mode nocturne de rêve libéré (de droite).

La transgression à droite

On pourrait tirer bien d'autres conclusions de cette application du modèle de Lacan à l'élection américaine à venir.

Tout d'abord, elle explique parfaitement le caractère totalitaire du libéralisme mondialiste contemporain, qu'il n'est plus possible d'ignorer. La tentative de remplacer l'Imaginaire par le Symbolique est vouée à l'échec, mais ne peut que donner naissance à un nouvel Imaginaire, encore plus aliéné, agressif, intolérant et violent. D'où le phénomène du « fascisme libéral ».

D'autre part, le phénomène du « Trumpisme psychédélique » lui-même n'est pas une anomalie marginale, mais une stratégie tout à fait sensée et même pragmatique. Si toutes sortes de perversions et de pathologies sont autorisées, mais que la Tradition est interdite, alors la volonté de vivre et la dynamique du Symbolique insuffleront une énergie énorme aux espèces et aux attitudes sexuelles normales, et l'envie de Tradition deviendra révolutionnaire . Si la Tradition est interdite, cela suffit à en faire un objet de désir passionné. Les progressistes figent la vie sociopolitique et culturelle, l'aliènent. Et l'anticonformisme de droite devient alors la nouvelle contre-culture.

Qui gagnera les élections ? Difficile à dire, mais l'attitude de base de l'élite totalitaire agressive, qui mise sur les minorités, peut échouer, car en supprimant le statut de l'interdit de la déviation, le centre d'attraction devient automatiquement la normalité qui est par essence interdite par la loi. Et si, dans l'ordre de l'Imaginaire, la norme se situe dans le territoire du « passé » - ce qui était avant les progressistes, avant les libéraux, alors, dans l'ordre du Symbolique, la norme se situe dans le « futur ». La norme est ce qui est réprimé et interdit aujourd'hui et qui, comme le fruit défendu, aspire à la victoire demain. Les conservateurs ont généralement un problème avec l'avenir. Le « Trumpisme psychédélique » apporte une réponse originale à ce problème, en faisant passer l'inconscient et même les pratiques de transgression du côté de la droite, et en s'appropriant ainsi le territoire de l'avenir.

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Attention au néant

Une dernière chose. On remarquera que nous n'avons pas du tout abordé le sujet d'un autre anneau borroméen : l'ordre du Réel.

Ici, les progressistes tentent un difficile saut périlleux : en normalisant le Symbolique, ils essaient de supprimer le problème de la tension entre celui-ci et le Réel. Ils espèrent ainsi inclure le néant (la mort) dans la sphère de leur propre contrôle, plutôt que de l'exclure. C'est probablement le but de l'IA, de la migration dans le cyberespace et de la Singularité, où l'identité de la machine et de l'homme machinisé ne créera plus les flux traumatiques qui animent l'inconscient (le Symbolique). Si le Symbolique (comme le croient naïvement les progressistes) a déjà supplanté l'Imaginaire, alors le problème de la confrontation avec le Réel est écarté. La mort et l'horreur qui en découle ne peuvent être vaincues qu'en abolissant la vie. D'où l'orientation vers le transhumanisme et l'immortalité mécanique. Ce thème est développé dans le réalisme spéculatif.

La réalisation du projet ontologique du parti démocrate conduit inévitablement à l'abolition de l'homme.

Cette élection américaine décidera du sort de l'humanité - to be or not to be. La victoire de Trump maintiendra les trois anneaux de Borromée dans un équilibre relatif. Une victoire de Harris pourrait signifier leur fracture irréversible.

Et ici, nous devrions finalement dire que pour Lacan, les anneaux de Borromée et les trois ordres sont l'homme.

lundi, 26 août 2024

Le jeu présidentiel dans le monde des clowns

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Le jeu présidentiel dans le monde des clowns

Markku Siira

Source: https://markkusiira.com/2024/08/24/pellemaailman-presidenttipeli/

Il est facile d'exciter les gens encore et encore, en croyant qu'une figure rédemptrice émergera du triste royaume qu'est la politique des superpuissances pour résoudre les problèmes et rendre la vie quotidienne des gens plus agréable. Une fois de plus, nous nous tournons vers le leader imaginaire du « monde libre », les États-Unis, à l'approche des élections présidentielles de novembre.

En Finlande, les médias glorifient, comme on pouvait s'y attendre, la candidate démocrate, Kamala Harris, parce qu'elle promet de poursuivre des politiques familières et qu'elle serait la première femme de couleur à diriger les États-Unis. De nombreux « Occidentaux » de notre pays espèrent également que Mme Harris l'emportera, afin que la prochaine administration américaine s'engage une fois de plus en faveur de l'OTAN et que l'Occident continue à soutenir l'Ukraine.

Le candidat indépendant, avocat et activiste Robert F. Kennedy Jr, qui s'est retiré de la course à la présidence, a annoncé son soutien à Trump. Trump, pour sa part, a promis à Kennedy un poste dans son cabinet, inspirant certains Américains (et pourquoi pas certains Finlandais) à imaginer que l'avenir sera radieux une fois que le duo unira ses forces pour mettre au pas le maléfique « État profond ».

« Rendre l'Amérique abordable à nouveau » (affordable), c'est ce que Trump a promis dans un discours de campagne, dans le but de vaincre l'inflation et de rendre l'Amérique « abordable » à nouveau pour ses citoyens. Cela semble populiste, mais c'est certainement un slogan plus terre-à-terre que de souligner la « grandeur » de l'Amérique face à la récession économique et à de nombreux problèmes de politique intérieure.

Harris a déclaré lors de la convention démocrate qu'elle voulait « unir les Américains », mais comment réaliser cette unification de la nation alors que les démocrates élitistes méprisent ouvertement les partisans de Trump en les traitant de racistes stupides et n'essaient même pas de comprendre d'où vient son soutien ?

Trump, pour sa part, a stupidement qualifié Harris de « cinglée radicale de gauche », alors que les démocrates et les républicains sont tous deux des libéraux de droite avec des accents politiques légèrement différents. Le prochain débat électoral entre les candidats risque d'être un divertissement tragicomique plutôt qu'un débat politique sérieux.

Le fait qu'un certain nombre d'avocats de la Maison Blanche ayant servi dans les administrations de Ronald Reagan, George H. W. Bush et George W. Bush aient exprimé leur soutien à Harris, la candidate de leur propre parti pour le poste de Trump, est également révélateur de la situation politique intérieure aux États-Unis.

Apparemment, la crainte est que Trump ne continue pas sur la même ligne de politique étrangère que les démocrates, même si Trump a béni le génocide sioniste à Gaza et s'est vanté d'avoir « sauvé l'OTAN » en demandant plus d'argent aux pays européens pour la défense (c'est-à-dire en agissant comme un agent commercial pour l'industrie américaine de l'armement, comme le firent par ailleurs d'autres présidents).

Les deux candidats continuent de faire campagne et d'inciter les électeurs à voter pour eux en promettant toutes sortes de choses qu'ils ne peuvent pas concrètement réaliser. Comme souvent, de nombreux électeurs seront déçus par la suite, mais c'est ainsi que se déroule le jeu présidentiel américain basé sur l'argent, le marketing et les images émotionnelles.

mercredi, 17 juillet 2024

Ce qui ne tue pas Trump...

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Ce qui ne tue pas Trump...

Alexander Douguine

Source: https://www.geopolitika.ru/article/chto-trampa-ne-ubivaet

La tentative d'assassinat de Trump était tout à fait prévisible. Il ne fait aucun doute que tout a été organisé par les mondialistes avec l'appui de la partie de l'État profond qui les soutient. Le seul moyen de maintenir le grand-père fatigué etdétraqué au pouvoir était de tuer Trump, qui, autrement, gagnerait presque certainement les élections dans les circonstances actuelles. Le tireur (après qu'on l'a laissé tirer une dizaine de fois) a été éliminé par un sniper des services secrets pour solder les comptes. En gros, on peut dire qu'il y a eu une tentative de coup d'État aux États-Unis.

Le chef du GUR ukrainien, Boudanov (reconnu comme terroriste en Russie), admet ouvertement que les services ukrainiens ont tenté à plusieurs reprises de mener des attaques terroristes contre Poutine. En Slovaquie, on a tenté de liquider le Premier ministre Fico, qui s'oppose toujours à tout soutien à la junte nazie de Kiev. Aujourd'hui, on assiste à une tentative d'assassinat de Donald Trump, qui, soit dit en passant, est très critique à l'égard de Zelensky et de son régime. Tel est le vrai visage de l'hégémonie et du monde unipolaire: toute personne qui s'oppose au mondialisme, qui se met en travers de son chemin, est d'abord soumise à la diabolisation (par le biais des outils de la cancel culture abolitionniste), puis à l'élimination physique. Et les meurtriers et les terroristes, les criminels et les auteurs de génocides, qui sont au service des mondialistes, sont présentés comme des combattants de la liberté et des "victimes innocentes". La propagande de Kiev ne manquera pas d'affirmer que "Trump s'est lui-même tiré une balle dans l'oreille", et les médias mondialistes, où tout est construit sur des mensonges cyniques et brutaux, laisseront entendre quelque chose dans ce sens.

Il ne fait aucun doute que la responsabilité de la tentative d'assassinat de Trump, le favori dans la course à la présidence américaine, incombe à la faction d'Obama, de Blinken, d'Hillary Clinton et finalement de Biden à peine conscient, qui a déjà averti que "la liberté est au-dessus de la démocratie", ce qui signifie que la démocratie et ses lois sont dorénavant suspendues, mises au rencart. Au nom de la "liberté" (de gouverner et de continuer à gouverner), on peut tuer. Le libéralisme devient enfin totalitaire avec tous ses traits caractéristiques - jusqu'à l'assassinat direct des politiciens indésirables.

L'architecture du pouvoir dans le monde change radicalement: de la seule puissance de l'Occident, on passe à une répartition de la puissance dans le monde sur plusieurs pôles. C'est ce que signifie la multipolarité. Trump représente les États-Unis comme l'un des pôles - bien que le plus fort et le plus puissant - d'un monde multipolaire. Les mondialistes se moquent des États-Unis comme de n'importe qui d'autre. Ce dont ils ont besoin, c'est d'un pouvoir planétaire, soit le pouvoir absolu d'un capital supranational. Et tous les pays, y compris l'Amérique et l'Europe elles-mêmes, ne sont que des outils dans la création du gouvernement mondial. Trump est pour l'Amérique et contre le gouvernement mondial. Tout comme Poutine est pour la Russie, Xi Jinping est pour la Chine, Modi est pour l'Inde, et Orban, Fico, Marine Le Pen et l'AfD sont pour l'Europe.

Un monde multipolaire est un système de souverainetés. Les mondialistes veulent le seul pouvoir planétaire, qui leur est tombé dans les mains avec l'effondrement du Pacte de Varsovie et l'effondrement de l'URSS, qui leur échappe aujourd'hui et auquel ils s'accrochent frénétiquement. Les mondialistes se sont finalement tournés vers des tactiques de terreur directe. Il s'agit d'un fait accompli et non d'une série de coïncidences. Il est temps de riposter au réseau mondialiste.

Tucker Carlson m'a dit à Moscou que Trump craignait sérieusement d'être assassiné par les mondialistes. Il s'avère que cette inquiétude n'était pas pour rien. Plus Joe le sénile sombre dans le marasme de la sénescence, plus il est probable que Trump risquera de se faire assassiner. C'est déjà le cas. Des gens sont morts, des gens ont été blessés. Que Dieu sauve l'Amérique et toute l'humanité de la bande criminelle des libéraux et des mondialistes. Si nous ne les arrêtons pas maintenant, ils nous détruiront tous.

samedi, 13 juillet 2024

Donald Trump et Nigel Farage accusent Biden et l'OTAN d'avoir provoqué le conflit en Ukraine

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Donald Trump et Nigel Farage accusent Biden et l'OTAN d'avoir provoqué le conflit en Ukraine

Par Alfredo Jalife Rahme

Source: https://noticiasholisticas.com.ar/donald-trump-y-nigel-farage-inculpan-a-biden-y-a-la-otan-de-haber-provocado-el-conflicto-en-ucrania-por-alfredo-jalife-rahme/

L'ancien président Donald Trump a lâché une bombe en déclarant dans le podcast populaire "All In", dans lequel il a accusé le président Biden d'avoir provoqué le conflit en Ukraine en disant qu'elle serait incorporée dans l'OTAN. Le lendemain, le Britannique Nigel Farage a affirmé que l'expansion de l'OTAN et de l'UE en direction de la frontière russe était à l'origine des différends.

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David Goldman, analyste réputé d'Asia Times, révèle en exclusivité le contenu volcanique d'une interview de l'ancien président Trump avec l'homme d'affaires devenu commentateur David Sacks (photo), qui a été dédaignée par les multimédias américains.

Dans cet entretien, Trump rejette toutes les affirmations propagandistes de l'administration Biden et de ses alliés européens en affirmant que parmi les déclarations minables de Biden figurait celle selon laquelle "l'Ukraine rejoindrait l'OTAN", ce qui était une provocation pure et simple qui n'aurait pas eu lieu si Trump avait été le président actuel.

David Goldman affirme que Trump "met en pièces la légende noire d'une attaque russe" contre l'Ukraine, perpétrée "sans provocation", légende qui a été répétée de manière cacophonique par les multimédias occidentaux. Il ajoute que "l'establishment  américain subit désormais la double humiliation d'avoir provoqué un conflit avec la Russie et de l'avoir perdu".

David Goldman sélectionne une citation représentative de Trump dans son interview: "La guerre en Ukraine n'aurait jamais eu lieu. L'attaque israélienne n'aurait jamais eu lieu. Et l'inflation n'aurait jamais eu lieu. Ce sont là trois considérations importantes".

Goldman expose une déclaration inquiétante de l'homme d'affaires David Sacks dans son entretien avec Trump, où il note qu'un mois avant le début de l'opération militaire spéciale russe en Ukraine, "le secrétaire d'État Antony Blinken a informé le ministre russe des Affaires étrangères Sergey Lavrov que l'administration n'allait pas seulement faire entrer l'Ukraine dans l'OTAN, mais qu'elle pensait aussi qu'il était dans l'intérêt de l'Amérique (...) de mettre des armes nucléaires (méga-sic !) en Ukraine. Vous ne pouvez pas imaginer que les Russes criaient au ciel : "C'est une provocation ! Il s'agit d'une provocation", ce dont Trump convient.

Goldman rappelle que "la Russie ne tolérerait pas l'adhésion de l'Ukraine à l'OTAN", car cela "permettrait aux États-Unis de placer des missiles à courte portée à quelques minutes de vol de Moscou". C'est alors que le président russe Vladimir Poutine a déclaré que "l'alliance et son infrastructure militaire ont atteint les frontières de la Russie".

Goldman affirme que "les membres de l'establishment de Washington savaient comment la Russie réagirait", ce qu'"ils ont vu comme une occasion de disloquer la Russie et de l'écraser avec des sanctions économiques".

Le tweet de Joe Biden, un mois après l'opération militaire spéciale de la Russie, est incontournable: "À la suite de nos sanctions sans précédent, le rouble a été presque immédiatement réduit à néant. L'économie russe est en passe de diminuer de moitié. Elle était classée 11ème économie mondiale avant cette invasion et bientôt elle ne sera même plus dans le top 20".

C'est tout le contraire qui s'est produit ! Selon la Banque mondiale, la Russie a délogé le Japon de la quatrième place du classement économique mondial l'année dernière.

Goldman conclut sans relâche : "Plus que les guerres éternelles en Afghanistan et en Irak, le désastre en Ukraine a le potentiel de saper l'hégémonie américaine une fois pour toutes".

En outre, il profite de l'occasion pour exposer que la Russie n'a pas été isolée, et encore moins vaincue, de sorte que l'establishment "a recours à des mesures désespérées telles que le placement d'armes occidentales sur le territoire ukrainien", ce à quoi Poutine a répondu en offrant des armes russes de haute technologie à la Corée du Nord, un pays récemment visité par Poutine, un acte qui a provoqué des crampes au sein de l'establishment américain.

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L'analyste conclut que "les Américains jouent au Monopoly, tandis que les Russes jouent aux échecs" lorsque "Poutine a ouvert un flanc géopolitique qui pourrait nuire à l'Occident, dans le but de le forcer à accepter les gains territoriaux russes en Ukraine comme la neutralité de l'Ukraine".

Goldman a omis d'ajouter qu'en plus d'être un grand joueur d'échecs géopolitiques, Vladimir Poutine est une ceinture noire de judoka qui sait comment riposter.

Comme si cela ne suffisait pas, le lendemain de l'interview de Trump, l'homme politique britannique Nigel Farage, chef du parti de la Réforme - qui, entre autres, a provoqué le Brexit et pourrait enterrer le Parti conservateur dans les urnes le 4 juillet - "a soulevé l'indignation de ses rivaux après avoir déclaré que l'Occident avait provoqué le conflit en Ukraine", selon une dépêche de CNN.

Il semblerait que Trump et son allié britannique Nigel Farage soient prêts, en cas de victoire électorale, à assouplir et à négocier leurs relations avec la Russie.

Dans cette optique, il convient de noter que les "conseillers de Trump préparent une proposition de cessez-le-feu en Ukraine", selon le Times, ce qui constituerait une énorme défaite pour Biden et ses alliés européens.

jeudi, 14 mars 2024

Trump, dernier espoir de l’Europe armée ?

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Trump, dernier espoir de l’Europe armée ?

Par Georges FELTIN-TRACOL

Dans Le Figaro du 9 novembre 2016, Étienne de Montety rappelait à propos de l’élection – surprise à la Maison Blanche de Donald Trump que son patronyme vînt d’un substantif signifiant en anglais « atout ». Il ajoutait aussitôt que le verbe to trump se traduit par « éclipser, ridiculiser, battre, voire l’emporter sur … ». Force est de constater que l’étymologie du nom de famille du 45e président des États-Unis correspond parfaitement à la situation actuelle.

En campagne pour des élections primaires qu’il survole largement, ayant déjà remporté les scrutins et caucus de l’Iowa, du New Hampshire, du Nevada, des Îles Vierges américaines, de la Caroline du Sud et du Michigan, Donald Trump rêve de battre – à la régulière ! - en novembre prochain un Joe Biden très mal en point. Il a cependant tétanisé les chancelleries occidentales par une sortie dont il est coutumier.

En réunion électorale en Caroline du Sud, le 10 février dernier, l’homme aux cent dix-neuf chefs d’accusation a menacé les États européens membres de l’OTAN. Si ces derniers ne réalisent pas un effort réel dans leur défense nationale en augmentant de manière conséquente leur budget militaire (plus de 2 % du PIB), il pourrait en tant que futur chef de l’État ne pas appliquer l’article 5 du traité de 1949 et ne pas secourir des États peut-être agressés par leur voisin russe.

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Plusieurs collaborateurs conservateurs classiques de Trump entre 2017 et 2021 ont signalé qu’il avait eu l’intention de faire sortir les États-Unis de l’OTAN en 2019. Les agents républicains de l’État profond surent l’en dissuader. De retour en 2025 dans le Bureau ovale, Donald Trump compterait cette fois-ci sur des administrateurs en plein accord avec sa politique. Conscients de cette menace, les démocrates ont adopté une loi qui contraint tout président désireux de quitter l’OTAN à demander l’accord préalable du Congrès.

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Maints commentateurs s’offusquent du dessein isolationniste du très probable candidat à la présidentielle de novembre 2024. Ces grincheux oublient volontiers que Donald Trump s’inscrit dans la continuité diplomatique étatsunienne, en particulier dans celle de la Farewell Address. Le 19 septembre 1796, le grand journal de l’époque, American Daily Advertiser, publie un texte du président George Washington. Il y annonce qu’il ne briguera pas un troisième mandat et fait de cette déclaration imprimée son testament politique. Conscient de la faiblesse d’une armée balbutiante et des fragilités d’un ensemble fédéral récent, le premier président américain invite la jeune république au détachement diplomatique envers les événements révolutionnaires survenus en Europe. « La grande règle de notre conduite, écrit-il, pour ce qui touche à nos rapports avec les puissances étrangères doit être de développer nos échanges commerciaux mais d’entretenir avec elles le moins de relations politiques possibles. » En 1789, le Congrès a changé le ministère des Affaires étrangères créé en 1781 en Secrétariat d’État pourvu de nouvelles attributions intérieures plus tard réparties à d’autres membres du cabinet exécutif. George Washington insiste par conséquent sur une diplomatie qui rejette les alliances permanentes et qui permet au contraire une neutralité active capable de s’adapter à toutes les circonstances internationales possibles.

Donald Trump montre sa fidélité à l’enseignement de son très lointain prédécesseur, même si les États-Unis d’Amérique sont entre-temps devenus la première puissance globale de la planète. Fondé sur le rejet de l’immigration, la condamnation des traités de libre-échange et un isolationnisme certain, le nouveau conservatisme trumpien (à distinguer du néo-conservatisme belliciste et hégémoniste du clan Bush) s’écarte résolument du conservatisme classique qui préconise la hausse constante du budget du Pentagone afin de financer toutes les interventions extérieures, la dérégulation économique intérieure qui profite aux nouvelles industries numériques et du divertissement wokiste, et la baisse massive des impôts. Seules la défense des valeurs morales traditionnelles et la lutte contre l’avortement peuvent en théorie rassembler ces deux courants antagonistes du conservatisme outre-Atlantique.

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Les propos polémiques de Donald Trump en Caroline du Sud ont le grand mérite de réveiller des gouvernements européens poussifs qui pensent écarter toute menace parce qu’ils bénéficient du « parapluie étatsunien ». Certains États ont néanmoins commencé à se réarmer. Que ce soit sous les nationaux-conservateurs du PiS ou sous le régime d’extrême centre proto-autoritaire de Donald Tusk, la Pologne poursuit sa montée en puissance et entend devenir la première force militaire de l’Union dite européenne.

La Hongrie de Viktor Orban ne cesse de réclamer depuis des années une coordination intégrée des armées du continent. À partir du second septennat de François Mitterrand, la France soutient une « défense européenne ». Avec le Brexit, elle reste la seule détentrice de l’arme atomique au sein de la pseudo-Union. Favorable à une vague « souveraineté européenne », Emmanuel Macron souhaiterait étendre le principe de la dissuasion nucléaire à l’ensemble des États membres de l’Union dite européenne qui appartiennent aussi à l’OTAN, ce qui exclurait l’Irlande, l’Autriche, Malte et Chypre. Mais la Norvège, l’Islande, l’Albanie, le Monténégro et la Macédoine du Nord recevraient-ils eux aussi cette protection ? Quant à la Turquie, elle tâcherait au plus vite d’acquérir le rang de puissance nucléaire. Par ailleurs, si se concrétise cette couverture nucléaire française en Europe, qui aurait la prérogative d’appuyer sur le bouton fatal ? Serait-ce le président de la République française qui deviendrait de facto le principal stratège de la Cité paneuropéenne ou bien un aréopage de chefs d’État et de gouvernement qui déciderait après les inévitables palabres ? Dans l’urgence du moment, même en visioconférence, on se doute bien qu’une telle réunion serait impossible à organiser.

Confier la force de dissuasion nucléaire à l’échelle européenne pose donc l’inévitable question de la souveraineté. Celle-ci ne se partage pas. Par le principe de subsidiarité, elle se décline seulement auprès d’autorités compétentes. Dans le cadre de la riposte immédiate, ce qui suppose une très grande réactivité, la caste jacassante ne peut pas décider sans omettre que la qualité intellectuelle du personnel dirigeant actuel confine à la nullité totale.

Les Européens n’en sont qu’au début d’un saut historique vers un inconnu peut-être prometteur, surtout si Donald Trump revient au pouvoir à la fin du mois de janvier 2025. N’a-t-on pas dit au début de cette chronique que « trump » voulait dire « atout » ? Sa seconde élection pourrait devenir un formidable atout pour l’émancipation militaire, bien malgré elle, d’une Europe nantie et somnolente.  

 

GF-T

 

  • « Vigie d’un monde en ébullition », n° 105, mise en ligne le 5 mars 2024 sur Radio Méridien Zéro.

samedi, 09 mars 2024

Trump, Nuland et Khrouchtcheva

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Trump, Nuland et Khrouchtcheva

Markku Siira

Source: https://markkusiira.com/2024/03/06/trump-nuland-ja-hrustsova/

Le "super mardi" des primaires présidentielles américaines a révélé que le pouvoir en place est clairement déterminé à donner une seconde chance à Trump en tant que figure de proue de l'"Occident global". Il reste encore des mois de théâtre électoral, mais le résultat semble déjà assez clair, avec le déclin du soutien populaire à Biden.

Je me demande simplement pourquoi les euro-atlantistes sont si terrifiés par le retour de Trump. Pensent-ils vraiment que Trump est le signe avant-coureur d'un changement radical ? Qu'est-il advenu de l'expression trumpienne appelant à "drainer le marais" la dernière fois ?

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Trump s'est plaint à plusieurs reprises que les autres pays membres de l'OTAN ne finançaient pas suffisamment l'alliance défensive atlantique. Il ne faut pas y voir la rhétorique d'un lobbyiste américain de l'industrie de l'armement visant à inciter les pays européens membres de l'OTAN à augmenter leurs dépenses de défense. Je ne pense pas que Trump brisera l'alliance militaire, il n'en a pas l'autorité.

Les capitalistes américains laisseront Trump revenir à la Maison Blanche, parce qu'il soutiendra Israël avec encore plus d'enthousiasme que Biden. Trump a déjà dit qu'Israël devait "s'occuper de ses problèmes" à Gaza, il n'est donc pas l'homme qu'il faut pour empêcher le génocide palestinien et démanteler l'ethnocratie sioniste. Je ne serais pas surpris si cette fois Trump est prêt à la guerre contre l'Iran (et la Chine).

***

La sous-secrétaire d'État américaine aux affaires politiques, Victoria Nuland, l'une des faucons de guerre les plus virulents de la politique étrangère américaine et le principal architecte du conflit ukrainien, a annoncé sa démission.

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La démission de Mme Nuland est considérée comme un signe que la guerre par procuration menée par les États-Unis en Ukraine touche à sa fin, ou du moins que la poursuite du projet sera déléguée aux Britanniques et aux eurocrates. Mission accomplie, puisque l'Europe a été contrainte de rompre ses relations avec la Russie et d'épuiser son moteur économique avec la politique de sanctions autodestructrice de l'Allemagne.

Nuland sera remplacée, au moins temporairement, par John Bass, qui a supervisé le retrait américain d'Afghanistan. Je me demande si un avion d'évacuation américain décollera encore de Kiev, avec à son bord le gouvernement fantoche dirigé par Zelensky.

***

Même Nina L. Khrouchtcheva, professeur russo-américaine de relations internationales et critique de Poutine, estime que la rhétorique guerrière actuelle est "totalement irresponsable". Les dirigeants de l'OTAN tentent d'effrayer la population en l'avertissant que si Poutine remporte la victoire en Ukraine, il attaquera ensuite l'un des pays de l'alliance militaire.

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"Cette escalade rhétorique pourrait rendre plus probable une escalade militaire. Poutine n'a jamais manifesté le désir d'entrer en guerre avec l'OTAN. En attisant les craintes qu'il le fasse, les dirigeants de l'OTAN risquent de créer une sorte de prophétie autoréalisatrice", déclare Mme Khrouchtcheva, qui qualifie ces propos de "provocateurs et stupides".

lundi, 26 février 2024

Adieu l'OTAN?

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Adieu l'OTAN ?

Andrea Marcigliano

Source : https://electomagazine.it/addio-alla-nato/#google_vignette

Donald Trump va-t-il gagner la course à la Maison Blanche ? Probablement, de plus en plus probablement, à condition que les pièges judiciaires et les échappatoires qui lui sont tendus chaque jour ne l'empêchent pas d'atteindre le vote final en novembre prochain... Ce que les marionnettistes qui tirent les ficelles du vieux Joe Biden espèrent - et tentent désespérément - de faire. Des marionnettistes puissants qui, il y a quatre ans déjà... mais c'est désormais de l'histoire ancienne. C'est de l'histoire ancienne et sale.

Mais parlons d'autre chose. Parlons de ce qu'il adviendra de l'OTAN avec le retour du Donald dans le bureau ovale. Un Trump, comme on pouvait s'y attendre, assoiffé du sang de ses ennemis. Et qui n'est plus disposé à faire des concessions et des compromis. Notamment parce qu'ils ne lui ont pas servi à grand-chose dans un passé récent.

Parce que l'ancien, et prévisible futur, président s'est laissé aller à des déclarations qui ne peuvent manquer d'inquiéter. Les dirigeants actuels de l'OTAN, bien sûr... et surtout les "alliés" européens, de plus en plus inquiets.

Au point que Stoltenberg (nomen est omen ?) a réagi de façon quasi hystérique aux déclarations certes paradoxales et ironiques de Trump.

Car, bien sûr, le magnat ne pense pas vraiment "inviter" Poutine à envahir les pays européens de l'OTAN qui ne respectent pas leur engagement d'allouer au moins 2% de leur budget de défense... en gros, la quasi-totalité d'entre eux. Un paradoxe, une boutade. Mais qui révèle une attitude bien précise à l'égard de l'Alliance atlantique. Et des "amis" du Vieux Continent.

Trump, avec son style coloré, a voulu envoyer un message. Aux alliés.

Ne comptez plus sur le parapluie américain. Les intérêts de l'Amérique, ceux que je représente, ne coïncident pas avec les vôtres. Voulez-vous vous défendre ? Voulez-vous persister dans la confrontation/affrontement avec Moscou ? Eh bien... apprenez à vous débrouiller seuls.

Grossier, oui. Mais sans détour.

Il serait facile d'affirmer que l'OTAN a toujours servi les intérêts des États-Unis. Elle a été, et est aujourd'hui plus que jamais, un instrument de leur puissance. Et c'est précisément l'objection sous-jacente soulevée par Stoltenberg....

Pourtant, Trump ne représente pas "cette Amérique-là". L'Amérique des grands potentats financiers. Celle des Soros, des Gates... de Black Rock. La sienne, celle qui pourrait le ramener à la Maison Blanche, est une autre Amérique. Ou plutôt ses bas-fonds. Les industries et les entreprises. Même les petites et moyennes. Des travailleurs. Les familles. Les agriculteurs. La base et le terreau du populisme. Qui, aux États-Unis, n'est pas une bulle d'infamie. Mais une tradition culturelle forte, à laquelle des penseurs comme Christopher Lasch et Paul Piccone se réfèrent encore.

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Dans l'ADN du populisme américain - qui, de loin, remonte à Andrew Jackson (tableau, ci-dessus) - il y a ce que nous avons l'habitude d'appeler "l'isolationnisme".

Mais qui, en réalité, est autre chose. D'abord et avant tout, il y a la distance profonde entre la culture américaine et la culture européenne. Une distance qui se traduit par un éloignement important. Et l'indifférence.

Ensuite, le souci des intérêts premiers du peuple américain. Pas ceux d'élites éclairées et cosmopolites, éloignées de leur propre terre. Et qui, pour cette même raison, sont toujours les mêmes. Où qu'elles résident physiquement.

Des élites autoréférentielles, qui ne produisent pas de richesses réelles, mais s'enrichissent de manière disproportionnée en exploitant le jeu tourbillonnant du capital financier. Sans racines. Et qui ne reconnaissent d'autre appartenance qu'elles-mêmes et leurs propres intérêts. Et... souhaite.

America First... Le slogan de Trump évoque au contraire les racines, l'apparition d'une identité nationale précise.

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C'est pourquoi pour Trump, et pour son Amérique, l'OTAN n'apparaît que comme un fardeau. Un fardeau dont il faut se débarrasser au plus vite.

Attention, il ne s'agit pas ici de faire l'apologie du Donald.

Trump n'est pas "bon". Ce n'est pas un pacifiste.

Bien sûr, dès qu'il sera réélu, il s'emploiera à mettre fin aux hostilités en Ukraine. Et détendre les relations avec Poutine. Et ce, parce que c'est dans l'intérêt de son Amérique. Qui est l'économie réelle. Et il a besoin des matières premières russes.

Mais il se comportera différemment avec la Chine. Non pas à cause de Taïwan, mais parce que le système industriel chinois est le principal antagoniste du système américain.

Quant au Moyen-Orient... il suffit de dire que Nethanyau fait des vœux à son Dieu pour revoir Trump dans le bureau ovale.

Pour l'OTAN, en revanche, cela sonnera le glas. L'Amérique de Trump n'en a pas besoin. C'est un fardeau trop coûteux.

Nous commençons à nous faire à cette idée. Dans un an, l'horizon pourrait changer. Radicalement.

Et pour nous, Européens, ou plutôt pour nos bureaucraties politiques, ce sera la douleur.

vendredi, 09 février 2024

La menace de Trump et la situation critique des pays euro-atlantiques

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La menace de Trump et la situation critique des pays euro-atlantiques

Markku Siira

Source: https://markkusiira.com/2024/02/05/trumpin-uhka-ja-euroatlantistien-ahdinko/

Les euro-atlantistes espèrent probablement que le mandat de Joe Biden, 81 ans, en tant que président des États-Unis se poursuivra après les prochaines élections. Les dirigeants européens ont traditionnellement plus de points communs avec les démocrates américains qu'avec les républicains.

Ces espoirs risquent de ne pas se concrétiser. Malgré toutes les accusations judiciaires dont il fait l'objet, Donald Trump, 77 ans, pourrait revenir à la Maison-Blanche et reprendre là où il s'était arrêté lors de son précédent mandat. Peut-être les cercles capitalistes sont-ils heureux qu'un autre vieil homme, "agent du chaos", le fanfaron Trump, mette à bas l'ancien ordre mondial dans notre ère de crises multiples ?

Trump est le premier président américain à traiter ses partenaires européens avec une suspicion ouverte, avec du mépris et même de l'hostilité. Bien sûr, Washington a toujours traité l'Europe de cette manière et exploité ses vassaux transatlantiques à volonté, mais Trump l'a fait plus ouvertement que ses prédécesseurs.

Malgré les attaques rhétoriques de l'ère Trump, la politique étrangère américaine a peu changé, mais les Euro-Atlantiques craignent toujours sa réélection. Encore une fois, on spécule que le retour de Trump augmenterait l'instabilité, ferait le jeu de Poutine et pourrait soulever une nouvelle vague de résistance en Europe pour déstabiliser également les politiques de Bruxelles.

Les experts en politique étrangère et de sécurité soupçonnent qu'au cours de son second mandat, Trump pourrait devenir encore plus hostile à l'Europe et aux "valeurs européennes", ce qui augmenterait considérablement les risques pour la sécurité du continent et exacerberait ses difficultés actuelles. Les partisans de l'OTAN n'attendent pas avec impatience le retour de Trump, mais ils appellent déjà, eux aussi, à une augmentation des budgets de défense pour maintenir l'alliance militaire à flot.

Sous une seconde présidence Trump, les relations entre les États-Unis et la Chine se détérioreraient probablement davantage, avec des répercussions économiques et politiques pour l'Europe. La ligne nuancée à l'égard de la Chine continuerait-elle à ne concerner que le commerce et la concurrence technologique, et comment Trump traiterait-il la question de Taïwan ?

Bien que les politiques de Trump aient été défendues en affirmant qu'il n'avait pas déclenché de nouvelles guerres, Israël a obtenu davantage de concessions pendant son mandat, ce qui se reflète également dans la crise actuelle à Gaza. Le général iranien Suleimani a été assassiné par Trump et l'homme à la chevelure jaune canari a également poursuivi le vol de pétrole américain en Syrie.

Sous Biden également, les États-Unis ont agi sans consulter leurs "partenaires" européens. Les gazoducs Nord Stream reliant la Russie à l'Allemagne ont explosé dans la mer Baltique, mais en cette année électorale, l'administration Biden, qui peaufine son programme de politique climatique, a décidé de "suspendre temporairement" la fourniture de gaz naturel liquide de substitution à l'Europe en proie au stress énergétique.

En matière de politique économique également, Washington prend des mesures protectionnistes "à la Trump" aux dépens des pays de l'euro. Un exemple en est la loi signée par M. Biden, qui utilise des subventions pour inciter les entreprises à délocaliser de l'Europe vers les États-Unis. La désindustrialisation menace l'Euroland, mais qu'importe si la ligne politique de l'Occident collectif est "America first".

La politique de sanctions imposée par les États-Unis à la Russie a également coûté cher aux pays de l'euro, mais l'économie russe n'a fait que se renforcer malgré les sanctions. Pour couronner le tout, Washington elle-même continue de commercer avec Moscou. Même si Trump ne remporte pas les élections en novembre, les États-Unis ne peuvent pas être considérés comme un partenaire bon et fiable pour l'Europe, qui semble même payer le prix du conflit en Ukraine.

vendredi, 22 septembre 2023

Trump 2.0: ce qui se passerait alors

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Trump 2.0: ce qui se passerait alors

Markku Siira

Source: https://markkusiira.com/2023/09/09/trump-2-0-ja-mita-sitten-tapahtuisi/

En Amérique et ailleurs dans le monde, on craint ou on s'attend à ce que Donald Trump soit réélu président des États-Unis. "Pour la plupart des pays, la politique étrangère de l'administration Biden a marqué un retour à la normale après des années de chaos sous Trump", soutient le porte-parole de l'État profond américain, Foreign Affairs.

En effet. Les États-Unis de M. Biden se sont recentrés sur la concurrence entre grandes puissances, la "tradition d'après-guerre de l'internationalisme libéral" et la "domination à spectre complet" élaborée plus tard, où l'alliance avec les États-Unis est trop souvent fatale, mais où une amitié plus étroite avec Washington est tout aussi mortelle.

En ce sens, l'administration abrupte de Trump a été, pour beaucoup, un épisode passager plutôt qu'un tournant vers une politique étrangère plus réaliste. La doctrine trotskiste de la "guerre perpétuelle" se poursuit et les néoconservateurs belliqueux sont malheureusement toujours présents.

"Sous le calme superficiel, cependant, de nombreux acteurs mondiaux sont préoccupés par l'élection présidentielle américaine de 2024", admet le professeur américain Daniel W. Drezner.

Malgré quatre inculpations pénales, Donald Trump est un solide favori pour devenir l'éventuel candidat du Parti républicain à la présidence. Les autres dirigeants mondiaux manqueraient de perspicacité s'ils ignoraient la perspective d'un second mandat de Trump, qui pourrait débuter le 20 janvier 2025.

Les proches de Joe Biden et les dirigeants démocrates sont les mieux placés pour le savoir, même si Joe Biden, qui apparemment perd la mémoire, semble souvent se trouver dans d'autres mondes. Lors de son premier discours devant le Congrès, M. Biden a déclaré que lors de ses conversations avec les dirigeants du monde entier, il avait "fait comprendre que l'Amérique était de retour". Le Congrès a demandé : "mais pour combien de temps?".

Comment la perspective d'un second mandat de Trump affectera-t-elle l'influence des États-Unis dans le monde? "Les alliés et les adversaires des États-Unis en prennent déjà note. Les dirigeants étrangers reconnaissent qu'un second mandat de Trump serait encore plus extrême et chaotique que son premier mandat."

Les responsables russes et chinois espèrent apparemment que Trump sera réélu. Pour la Russie, le retour au pouvoir de M. Trump signifierait un soutien moindre de l'Occident à l'Ukraine ; pour la Chine, cela signifierait la fragilité des alliances américaines avec des pays comme le Japon et la Corée du Sud, qui aident Washington à contenir Pékin.

Au cours de son premier mandat, M. Trump a semblé presque démanteler le réseau dense d'alliances et de partenariats que les États-Unis avaient tissé au cours des 75 dernières années. Pour leurs alliés de longue date en Europe, en Amérique latine et dans le Pacifique, les États-Unis ont soudain affiché un comportement déconcertant et capricieux.

Bien entendu, Trump a également illustré l'égoïsme américain en reprochant à ses alliés de "ne pas contribuer suffisamment à la sécurité commune et d'avoir prétendument volé les États-Unis" (bien que beaucoup soutiendraient le contraire). Il a menacé à plusieurs reprises de se retirer d'accords antérieurs tels que l'OTAN, l'Organisation mondiale du commerce, l'accord de libre-échange entre les États-Unis et la Corée et le Nafta.

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La présidence de Trump a été une tragicomédie haletante pour le public et pour les vassaux et ennemis des États-Unis. M. Trump a rencontré le président russe Vladimir Poutine, le président chinois Xi Jinping et le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un et a semblé apprécier leur compagnie.

"Son administration jongle entre la coercition et l'accommodement avec ces États, cette dernière tactique l'emportant généralement", explique M. Drezner.

Les relations entre les États-Unis et leurs alliés étant tendues, le président chinois Xi a pu se rendre au Forum économique de Davos en 2017 et déclarer que la Chine, et non les États-Unis, était la puissance qui maintenait le statu quo et était le moteur de la mondialisation. L'opération spéciale de Poutine en Ukraine n'avait pas encore commencé, mais heureusement pour la Russie, Trump a également eu ses difficultés avec l'administration Zelensky, qui avait des liens obscurs avec la famille Biden et le Parti démocrate.

La victoire de Biden sur Trump en 2020 aurait dû mettre fin à la tendance populiste nationale et à la menace du "cygne noir". M. Biden a depuis lors renforcé les alliances traditionnelles, mais a également poursuivi sa propre politique "America First". Alors que le conflit en Ukraine s'intensifie, l'Europe est de plus en plus malmenée par la politique américaine de sabotage des gazoducs et de sanctions.

Sous la direction de M. Biden, les États-Unis ont cherché à subordonner la zone euro à une "alliance démocratique" dans laquelle seul Washington est gagnant, Bruxelles et Berlin en subissant les conséquences économiques et politiques. Alors que la désindustrialisation menace l'Europe, la "coopération transatlantique" (qui ne profite en réalité qu'aux entreprises américaines) intéresse principalement les pays baltes, qui sont autodestructeurs, la Pologne et la Finlande de Niinistö.

Sur la Chine, Biden a poursuivi la guerre commerciale impulsée par l'administration Trump, qui s'est depuis concentrée sur la technologie, les puces et les circuits. Trump a soufflé sur la Chine, mais était finalement prêt à conclure des accords, ce dont l'administration Biden semble incapable. Taïwan est de nouveau à l'ordre du jour et le "pivot vers l'Asie" actualisé se poursuit.

L'approche de Trump à l'égard de la Russie a été erratique ; d'une part, il semblait disposé à conclure un "accord" avec Poutine, mais officiellement, les États-Unis ont poursuivi leurs actions antirusses. L'administration Biden, quant à elle, a attaqué plus ouvertement le régime de Poutine, en utilisant l'OTAN et l'armée ukrainienne à son avantage. Une nouvelle atmosphère digne de la guerre froide règne à nouveau entre les grandes puissances.

L'administration Biden a atteint certains de ses objectifs. L'OTAN s'est élargie à la Finlande et s'élargira peut-être un jour à la Suède. Le partenariat trilatéral entre le Japon, la Corée du Sud et les États-Unis en Asie du Nord-Est a été renforcé ; "une réunion de leurs dirigeants à Camp David en août aurait été impensable dans les années Trump".

L'accord Aukus avec l'Australie et le Royaume-Uni a renforcé la "coopération en matière de sécurité" (c'est-à-dire l'action contre la Chine) avec ces alliés. Les États-Unis ont également renforcé la coopération bilatérale avec la potentielle "nouvelle Ukraine", la province de Taïwan, malgré l'opposition de Pékin.

Si Trump était miraculeusement réélu en tant que leader symbolique de la Maison Blanche, la nouvelle administration jetterait probablement un regard critique sur les actions de l'administration Biden. Les atlantistes européens sont donc mal à l'aise à l'idée d'un éventuel second mandat de Trump.

Certains observateurs affirment toutefois que si M. Trump a mené une politique étrangère non conventionnelle au cours de sa présidence, il n'a pas agi selon ses pires impulsions. Ces affirmations sont quelque peu justifiées, car le président ne dispose pas de pouvoirs aussi étendus qu'on le laisse parfois entendre.

Il n'a pas retiré les États-Unis de l'Organisation mondiale du commerce, et encore moins supprimé l'Organisation du traité de l'Atlantique Nord, ni retiré les troupes américaines de l'autre côté du Pacifique. Les experts de l'État profond affirment que le second mandat de Trump ne ferait que répéter les fanfaronnades du premier, mais qu'autrement, la ligne Biden se poursuivrait.

Il existe bien sûr d'autres points de vue. Certains pensent que le second mandat de Trump serait plus extrême que le premier, et qu'un président destitué et humilié rembourserait ses dettes de pêche avec intérêt à ses opposants politiques nationaux, qui semblent nombreux à Washington.

Selon le New York Times, en cas de réélection, l'administration Trump entreprendrait une refonte des agences de renseignement, du département d'État et de la bureaucratie de la défense, afin d'écarter du service les fonctionnaires qu'il a dénigrés en les qualifiant de "classe politique malade". Je me demande avec quelle facilité cette purge serait accomplie, ou si Trump serait "kennedys" ?

Bien sûr, Trump a maintenant de l'expérience, il sait quels leviers actionner et il est clairement en colère. Y aurait-il quelqu'un dans la nouvelle équipe de politique étrangère de Trump qui pourrait freiner ses idées les plus folles ? Il se pourrait que le second mandat de Trump fasse paraître le premier relativement calme - à moins que ce ne soit le souhait des banquiers et des députés d'arrière-ban.

Si Trump devait prendre la barre de la politique étrangère américaine pour un second mandat, il pourrait en résulter un démantèlement beaucoup plus large des accords et des alliances passés. Que feraient les pays de la zone euro si les sanctions militaires contre la Russie étaient levées, ou si Trump voulait redevenir l'ami de Kim Jong-un ?

Tous les opposants aux États-Unis ne se réjouissent pas du retour de Trump. La politique d'apaisement avec Israël et l'assassinat brutal du général iranien Suleiman ne sont pas de nature à rendre les théocrates de Téhéran plus sympathiques à la personnalité de la télévision au teint orange.

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La rhétorique hostile de Trump à l'égard du Mexique n'est pas de nature à faciliter les négociations avec le président mexicain Andrés Manuel López Obrador sur l'immigration illégale et le trafic de stupéfiants. Les Mexicains se souviennent probablement aussi de la fameuse "clôture" de Trump.

Malgré les fanfaronnades et l'autosatisfaction de Trump, une éventuelle nouvelle campagne de l'équipe de Biden ne sera probablement pas facile non plus. S'ils peuvent rappeler aux Américains le chaos des années Trump et mettre en avant les réalisations tangibles de l'approche plus traditionnelle de Biden en matière de politique étrangère, il est peu probable que la majorité des électeurs américains veuillent de Biden. Ils ne se soucient pas non plus de l'Ukraine, où beaucoup de choses sont en désordre à l'intérieur du pays.

Les groupes de réflexion sur la politique étrangère et de sécurité tenteront bien sûr de faire valoir que l'OTAN est plus forte que jamais sous l'administration Biden, tout comme les relations de l'Amérique avec le Pacifique. Sous un président qui poursuivrait la ligne politique de l'administration Biden, le programme de politique étrangère de l'internationalisme libéral serait poursuivi, obligeant les vassaux de l'Occident à promouvoir les intérêts américains.

Si le second avènement de Trump devait se matérialiser, la position de l'État profond américain en matière de politique étrangère changerait-elle de manière significative? Et les problèmes économiques, les urgences mondiales, les guerres et autres conflits continueraient-ils comme avant ? Il est peu probable que les banquiers et autres acteurs puissants permettent aux chefs d'État de mener une politique libre.

La question clé est de savoir si l'ancien ordre mondial instable serait abattu plus rapidement par "l'agent du chaos" Trump? Les analystes géopolitiques les plus excentriques gardent l'espoir d'une nouvelle conférence de Yalta, où la Russie, la Chine et les États-Unis redessineraient les lignes directrices du monde.

lundi, 14 novembre 2022

Objectif: éliminer Trump !

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Objectif: éliminer Trump !

Source: https://piccolenote.ilgiornale.it/mondo/eliminare-trump

Alors que le dépouillement des bulletins de vote des élections de mi-mandat se déroule avec une lenteur épuisante, érodant de plus en plus le succès déjà maigre des Républicains, la bataille pour éliminer Trump de la scène politique de l'Empire, bataille qui laisse entrevoir une convergence entre les Démocrates et l'establishment du Parti républicain, se voit réactivée.

À cette fin, en plus de blâmer Trump pour l'échec des républicains, la campagne visant à faire du gouverneur de Floride Ron DeSantis le prochain candidat du GOP pour la présidence américaine à la place du tycoon égaré en politique a pris son envol.

La guerre de Murdoch

Ce développement a été préparé à l'avance, c'est-à-dire avant même que les Midterms aient lieu. C'est ce qu'écrit le Guardian dans un article où il relate l'aversion de longue date de Rupert Murdoch - propriétaire du Wall Street Journal, du New York Post, de Fox TV et d'autres médias - envers Trump.

En effet, le virage de l'establishment républicain en faveur de DeSantis a été soudain et surprenant. Et pourtant, comme l'écrit le Guardian, on a "le sentiment que cela avait été planifié à l'avance, que les cuirassés de Murdoch avaient décidé à l'avance non seulement que Trump était fini, mais qu'ils avaient aussi identifié leur nouvel homme".

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En fait, avant que les médias de Murdoch ne commencent à tirer des boulets sans discontinuité contre Trump à propos du résultat des élections, ajoute le tabloïd britannique, le New York Post "a célébré la réélection de Ron DeSantis [...] avec une première page le saluant comme étant 'DeFuture'".

En bref, la compétition entre les deux coqs du Parti républicain a commencé, même si DeSantis n'a pas encore fait de démarche formelle pour son éventuelle candidature ; mais, comme Trump le claironne avec amertume, il ne dément pas non plus cette perspective.

L'issue de cette compétition est incertaine, mais Trump, traqué par des enquêtes judiciaires et ouvertement contesté par l'establishment de son parti, traverse le moment le plus critique de sa carrière politique.

Dans ces conditions, il vaut la peine de s'intéresser de plus près au nouveau venu, car il pourrait devenir le prochain empereur de l'Occident, ce qui affectera le destin du monde entier.

Le Washington Post dresse le profil de DeSantis et réduit à néant le récit qui fait du nouveau venu une sorte de photocopie gagnante de Trump, taillée sur mesure pour le personnage afin de reporter sur lui le consensus dont jouit l'ancien président au sein de la base républicaine.

L'interventionniste

Tout d'abord, note le WP, "DeSantis est plus une figure orthodoxe du parti républicain que l'homme d'affaires ombrageux devenu politicien" (= Trump).

"En un sens", poursuit le WP, "le passé de DeSantis le rapproche de l'ancien secrétaire d'État Mike Pompeo, dont les tendances plus interventionnistes étaient parfois en désaccord avec Trump", un clin d'œil de grand intérêt pour les fondements de la politique étrangère qui s'institueraient lors de son éventuelle présidence.

En fait, "la plupart de ses déclarations concernant la politique étrangère s'inscrivent parfaitement dans des lignes directrices préexistantes, plutôt que dans le style si souvent personnel de Trump".

"DeSantis", détaille le WP, "a condamné la Russie pour son invasion de l'Ukraine et a critiqué la décision du président Biden de se retirer d'Afghanistan [opération ordonnée par Trump, ndlr]. Il est également fortement opposé aux ennemis traditionnels des États-Unis, tels que l'Iran, et en particulier à l'accord nucléaire avec Téhéran, ainsi qu'aux nouveaux rivaux, dont la Chine, et s'est engagé à être "le gouverneur le plus pro-Israël d'Amérique"."

Homme de Floride, il a beaucoup d'empathie pour les citoyens de son État qui portent de l'intérêt à certains pays attirant sans cesse leur attention, à savoir "Cuba, le Venezuela, la Colombie et Haïti".

Bref, un interventionniste tous azimuts, même si, note le WP, lorsqu'Elon Musk a lancé sa propre proposition de paix entre la Russie et l'Ukraine via twitter, il l'a défendue contre les critiques qu'il s'est attiré de la part des autorités de Kiev.

Mais peut-être, dans ce cas précis, cette défense provenait-elle davantage du fait que le milliardaire l'avait précédemment désigné comme nouveau candidat présidentiel du GOP à la place de Trump, plutôt que de partager les idées du milliardaire...

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Relations avec Netanyahu

En ce qui concerne la proximité avec Israël que DeSantis a affichée, on peut noter qu'il serait un excellent interlocuteur pour Netanyahu, qui est revenu au pouvoir en Israël, événement coïncidant avec l'ascension de DeSantis comme nouvelle étoile au firmament du GOP.

Le fait que Netanyahou se méfie de l'establishment du parti démocrate est bien connu - puisque cet establishment conserve l'idée de deux États comme seule solution possible au conflit israélo-palestinien. Il y a aussi ses mauvaises relations avec Biden, malgré ses récentes déclarations de sympathie envers le président américain.

Plus réservées, mais non moins vives, sont les divergences entre Netanyahou et Trump, en particulier sur l'Iran, car l'ancien président n'a pas suivi l'instigation du premier ministre israélien en faveur d'une guerre contre Téhéran, en fait l'ancien président républicain était presque parvenu à un accord avec Téhéran (voir sur ce point les mémoires de l'ancien conseiller américain à la sécurité nationale John Bolton).

De plus, DeSantis s'est lancé dans des louanges dithyrambiques à Netanyahu lors d'une visite qu'il a effectuée à Jérusalem en 2019, déclarant que le premier ministre israélien "a été un modèle de leadership fort pour Israël pendant son mandat". "Je me réjouis de la poursuite de notre partenariat car la Floride reste l'État le plus pro-Israël de la nation".

De plus, l'affirmation de DeSantis sur les questions éthiques serait une aubaine pour l'électorat israélien historique de Netanyahu. Un tel sentiment pour le nouveau messie d'Israël, si DeSantis parvient un jour à la Maison Blanche, pèserait de tout son poids dans la politique étrangère américaine au Moyen-Orient, un domaine clé de la politique impérialiste.

Assainir la polarisation de la société américaine

Reste à savoir si Trump sera capable de résister à la tenaille qui se referme sur lui. Il a des ressources, mais des ressources limitées. Et il reste à voir si DeSantis, si la perspective de sa candidature à la Maison Blanche se concrétise, sera en mesure de l'emporter sur son concurrent démocrate.

Ce qui est certain, c'est que le système qui a pénalisé Trump ne semble pas cultiver un rejet similaire à l'égard du gouverneur de la Floride. Au contraire, une présidence républicaine débarrassée des idées isolationnistes de Trump pourrait s'avérer la bienvenue, ayant le potentiel de guérir le conflit qui polarise la société américaine.

Mais pour cela, DeSantis devrait peut-être atténuer son affirmation sur les questions éthiques, ce qui n'est pas impossible aussi parce que cela pourrait le freiner dans une compétition présidentielle. Après tout, Washington vaut bien une messe.

Mais une telle conversion pourrait même ne pas être nécessaire. L'interventionnisme, carburant indispensable du complexe militaro-industriel, suffit à l'establishment. Le reste est du théâtre à usage interne.

Cela dit, le premier obstacle sur son chemin reste Trump, qui n'est pas du tout disposé à jeter l'éponge et a déjà commencé à tirer de copieuses salves de boulets contre son éventuel concurrent.

US Midterm : la défaite victorieuse de l'establishment

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US Midterm : la défaite victorieuse de l'establishment

Source: https://piccolenote.ilgiornale.it/mondo/midterm-usa-la-sconfitta-vittoriosa-dellestablishment

Le résultat des élections du midterm, vendu par les médias grand public comme une victoire majeure pour les Démocrates (comment transformer les défaites en victoires) n'est en fait pas surprenant. Les Républicains ont remporté, comme c'était évident dès le départ, la Chambre, mais il semble que les Démocrates aient conservé le contrôle du Sénat, malgré le fait que les décomptes soient encore en cours dans certains États pour ce dernier.

Le vote en Pennsylvanie, un État sur lequel le GOP républicain a misé tous ses jetons pour arracher le Sénat à ses adversaires et dans lequel le démocrate Fatterman a remporté la victoire sur le trumpiste Oz, est un indicateur du résultat en faveur des démocrates.

La lutte politique qui s'est déroulée en Pennsylvanie résume un peu ce qui s'est passé dans cette élection, puisque les médias trumpistes ont pratiquement annoncé la victoire d'Oz comme une certitude, un peu comme ils ont certifié que la vague rouge, la couleur symbolique du parti, était d'emblée une certitude, vague qui, par ailleurs, aurait inondé les États-Unis. Cela n'a pas été le cas.

Par ailleurs, les proclamations sur la vague rouge étaient évidemment exagérées, car elles ne tenaient pas compte de la puissance de feu de la machine électorale des Démocrates : si cette machine avait obtenu des résultats aussi impressionnants aux élections présidentielles, il fallait supposer qu'ils se répéteraient avec ces élections du Midterm-2022, pouvant compter, grâce à la présidence Biden, sur la gestion d'autant de courroies de transmission du pouvoir. Tout comme on pouvait supposer qu'il se concentrerait sur le Sénat, où le défi était le plus serré.

La défaite victorieuse de Trump

Il y aura des conséquences. D'abord au détriment de Trump, qui attendait le triomphe électoral pour annoncer sa candidature à la présidentielle de 2024. Il le fera encore, mais ce ne sera pas la même chose.

En effet, ses adversaires au sein du parti utiliseront cette défaite victorieuse pour accroître le récit selon lequel il représente un frein pour le parti, qui, s'il avait été absent, aurait certainement gagné au vu de la méfiance des citoyens envers les institutions, notamment en raison de la forte inflation et du chaos endémique dans les villes.

Notamment parce que, dans l'intervalle, le pouvoir s'est efforcé de trouver une alternative à Trump et l'a trouvée en la personne du gouverneur de Floride Ron De Santis, dont le succès dans ces élections du midterm est, sans surprise, célébré par les médias de l'establishment.

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De Santis est la figure parfaite pour succéder au Tycoon-entrepreneur, égaré en politique, puisqu'il lui ressemble dans sa rhétorique grandiloquente, sa polémique contre l'establishment démocrate, sa défense des valeurs traditionnelles et son rejet des migrants.

Mais il ne partage avec Trump ni un isolationnisme extrême ni, surtout, une aversion pour l'affichage musclé en politique étrangère (comme on l'a vu lors de la dernière révolution colorée, infructueuse, à Cuba, à laquelle il a contribué avec enthousiasme).

Son ascension a commencé pendant la pandémie, au cours de laquelle il s'est engagé dans un duel serré contre l'establishment en faveur de la propagande axée sur la pandémie, adoptant pour sa Floride des normes libertaires qui se sont avérées fonctionnelles. Cela a attiré les louanges des médias et des électeurs trumpistes, qui avaient au contraire perçu une certaine timidité de la part de l'ancien président pour manoeuvrer dans ce champ de mines.

Le concurrent

DeSantis est ainsi devenu le seul concurrent possible de Trump, proposant sa propre version du trumpisme, qui pourrait être acceptable même pour les architectes des guerres sans fin.

Pour cette raison - et surtout parce qu'il ferait tomber Trump - l'establishment l'a choisi comme successeur possible de Biden, une carte à jouer au cas où un candidat fort n'émergerait pas dans le camp du parti démocrate, ou même si un candidat malvenu (un Sanders, une Michelle Obama, etc.) émergeait.

Trump connaît parfaitement ce jeu et a fait tout son possible pour éviter une rupture avec DeSantis, au point de dire qu'il a voté pour lui lors de ces élections du Midterm.

Il ne pouvait rien faire d'autre, bien sûr, puisqu'il était le seul candidat en Floride, où Trump vote, mais il a voulu dire cela pour souligner le point essentiel bien que tacite, relançant implicitement l'hypothèse, avancée il y a quelque temps, de créer un tandem avec DeSantis pour la vice-présidence.

Mais il sera difficile pour DeSantis de renoncer au rôle présidentiel qu'ils lui ont taillé et que l'establishment républicain, celui sur lequel Trump avait parié, tente de créditer par tous les moyens (voir Washington Examiner: "Choisir Trump plutôt que DeSantis pour 2024 est un suicide politique").

Le faible d'Elon Musk pour les Républicains

La position du nouveau maître de Twitter sera également intéressante dans cette perspective. Elon Musk avait tweeté en juillet que Trump était "trop vieux" et qu'il était temps pour lui de se retirer, tandis que DeSantis "gagnerait facilement" s'il se présentait contre le président Biden en 2024.

Le tweet a été supprimé par la suite, mais le milliardaire, qui, lors des midterms, avait appelé à voter pour les Républicains (un tweet qui a également été supprimé), n'a peut-être pas changé d'avis. Et son opinion, après l'achat du réseau social, pèse davantage. Peu favorable au pouvoir réel lors de l'achat de Twitter, il pourrait être tenté de rechercher son indulgence en favorisant l'éviction de Trump de la vie politique.

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En bref, cette élection pourrait déclencher une épreuve de force dans le camp républicain, transformant la victoire de Trump, qui a également envoyé plusieurs de ses candidats choisis au Congrès, en une possible déroute.

Mais l'ancien président n'a pas l'intention de jeter si vite l'éponge, notamment parce qu'il sait que s'il le fait, son destin est d'aboutir en prison. À tel point qu'il va jusqu'à menacer son éventuel antagoniste en déclarant : "J'en sais plus sur lui que quiconque, sauf peut-être sa femme".

Républicains à la Chambre

En attendant de connaître l'issue de cet affrontement interne au sein du GOP, il faut considérer les autres conséquences des élections, en premier lieu le fait que les Républicains peuvent profiter de la majorité à la Chambre pour lancer quelques enquêtes.

Une enquête sur la pandémie, qui pourrait se transformer en un Nuremberg, est presque certaine (Rand Paul, leader de la Chambre, avait à l'époque demandé que Fauci soit emprisonné).

Cela ne ferait pas trop peur à l'establishment, qui a entre-temps trouvé une autre crise mondiale à gérer (la guerre en Ukraine). Quelques boucs émissaires seraient ceux qui en paieraient le prix. Mais une certaine clarification du passé est toujours souhaitable car elle pourrait peut-être éviter des surprises futures.

Une enquête sur Hunter Biden, le fils du président, qui est depuis longtemps dans le collimateur des républicains, est également possible, et plairait également à l'establishment démocrate, qui est impatient de le remplacer.

La question ukrainienne reste ouverte. Si avant les élections, les Républicains avaient déclaré qu'ils ne donneraient plus de "chèques en blanc" à Kiev, il reste à voir comment cette affirmation sera concrètement mise en œuvre, c'est-à-dire si les justifications du Pentagone suffiront. Mais l'émergence d'une certaine controverse sur le conflit est dans les cartes, car les élus trumpistes sont farouchement opposés aux guerres sans fin.